Après trois ans de guerre en Ukraine, les chiffres sont décourageants du point de vue des Européens et des Ukrainiens.
Depuis l’invasion de la Russie, les pays de l’UE ont collectivement dépensé plus d’argent pour acheter des combustibles fossiles tels que le pétrole, le charbon et le gaz en Russie que pour soutenir économiquement l’Ukraine.
« C’est bien sûr intenable. Nous contribuons indirectement à alimenter la caisse de guerre de Poutine », déclare Dan Jørgensen, commissaire européen à l’énergie et au logement.
La situation souligne que l’UE doit faire davantage pour se libérer de l’énergie russe, déclare le commissaire européen danois dans une interview avec la coopération européenne entre agences de presse, European Newsroom, dont Ritzau fait partie.
« D’une part, on peut dire que nous avons fait beaucoup, et nous avons connu un certain succès. Nous sommes passés de 45 % de notre gaz en 2022 venant de Russie à ce qu’il est maintenant de 13 % qui vient de Russie.
D’autre part, nous avons durant cette période en Europe dépensé plus d’argent pour acheter des combustibles fossiles et de l’énergie russes que nous n’avons donné à l’Ukraine en aide et subventions », déclare Dan Jørgensen.
L’organisation de recherche indépendante Centre for Research on Energy and Clean Air (Crea) a calculé que les 27 États membres de l’UE ont collectivement acheté des combustibles fossiles russes, y compris du pétrole, du charbon et du gaz, pour plus de 205 milliards d’euros depuis l’invasion de la Russie le 24 février 2022.
Selon les derniers chiffres de la Commission européenne, l’UE a soutenu collectivement l’Ukraine à hauteur de 138,2 milliards d’euros sur la même période. Sur ce montant, 1,5 milliard d’euros proviennent, selon la Commission européenne, des recettes des actifs russes qui ont été saisis.
Cela équivaut en couronnes danoises à ce que les pays de l’UE ont acheté d’énergie russe pour environ 1 527 milliards de couronnes.
A l’inverse, l’UE n’a « que » donné un soutien économique à l’Ukraine d’environ 1 030 milliards de couronnes.
C’est principalement la France, la Hongrie, la Belgique, la Slovaquie et la République tchèque qui continuent d’importer de l’énergie russe, selon les chiffres de Crea. Une partie de l’énergie russe importée en France est néanmoins, selon Crea, envoyée en Allemagne.
Dan Jørgensen a sa propre façon de faire le bilan des achats d’énergie européens en Russie durant la guerre :
« Autrement dit : Nous avons dépensé une somme équivalente à l’achat de 2 400 nouveaux chasseurs F-35 », déclare Dan Jørgensen.
Le commissaire européen danois avait annoncé un plan pour libérer l’UE de l’énergie russe dans les 100 jours suivants l’entrée en fonction de la nouvelle Commission européenne le 1er décembre.
Cela n’a cependant pas abouti. Le plan a désormais été reporté deux fois, mais il est attendu dans « quelques semaines », déclare Dan Jørgensen.
Question : Vous dites que nous contribuons indirectement à alimenter la caisse de guerre de Poutine. Pourquoi alors le plan pour libérer l’UE de l’énergie russe a-t-il été reporté ?
« Le plan a été reporté, mais pas nos efforts. Nous travaillons chaque jour pour nous libérer de l’énergie russe, mais c’est compliqué. Si ça avait été facile, nous l’aurions fait il y a trois ans », déclare Dan Jørgensen.
Le report du plan intervient à un moment où le président des États-Unis, Donald Trump, fait pression pour parvenir à un cessez-le-feu entre l’Ukraine et la Russie.
Dan Jørgensen réfute toutefois que la Commission européenne a reporté le lancement du plan pour éviter de perturber les pourparlers de paix.
« Non », répond brièvement Dan Jørgensen à la question de savoir si les pourparlers de paix sont la raison du retard.
« L’un des nombreux aspects que nous devons considérer est qu’il doit se faire d’une manière qui ne nuit pas à nos citoyens et à nos entreprises », déclare Dan Jørgensen.
Il fait ainsi indirectement référence au fait que les pays de l’UE, particulièrement dépendants de l’énergie russe, doivent avoir la possibilité de trouver des alternatives pour éviter de fortes augmentations de prix.