« Je suis ici pour discuter de l’accès de l’Ukraine à l’UE », a écrit von der Leyen sur X, anciennement Twitter, en postant une photo de Zelensky l’accueillant à son arrivée à la gare de Kiev. Elle a précisé qu’ils discuteraient également du « soutien financier de l’UE à la reconstruction de l’Ukraine en tant que démocratie moderne et prospère », et que les discussions porteraient aussi sur « la manière dont nous continuerons à faire payer à la Russie sa guerre d’agression ».
Cette visite a lieu alors que l’on s’inquiète d’un éventuel relâchement du soutien à l’Ukraine, les troubles au Moyen-Orient attirant actuellement l’attention du monde entier. Von der Leyen a déclaré que son voyage était prévu « depuis longtemps » et qu’il s’agissait d’une tradition avant la présentation du rapport sur l’élargissement de l’UE.
Adhésion de l’Ukraine à l’UE : d’« excellents progrès », mais des améliorations sont nécessaires
Mercredi, la Commission doit présenter un rapport sur l’état d’avancement de l’Ukraine, de la république de Moldavie et de la Géorgie, et décider s’il convient d’ouvrir les négociations d’adhésion avant que les 27 pays de l’UE se réunissent en sommet les 14 et 15 décembre. L’élargissement constituera le cœur de la réunion de Bruxelles.
L’Ukraine est officiellement candidate à l’adhésion à l’UE depuis juin 2022. L’ouverture des négociations d’adhésion requiert l’accord unanime des 27 États membres de l’UE. Pour obtenir un vote positif, le pays doit satisfaire à sept exigences, dont la réforme du processus de sélection des juges constitutionnels ukrainiens et le renforcement de la lutte contre la corruption, en particulier à haut niveau.
« Je dois dire que vous avez fait d’excellents progrès. C’est impressionnant à voir », a déclaré von der Leyen après une rencontre avec Zelensky. « Vous menez une guerre existentielle et, en même temps, vous êtes en train de réformer votre pays en profondeur. Vous avez franchi de nombreuses étapes : vous avez réformé votre système judiciaire, endigué l’influence des oligarques, lutté contre le blanchiment d’argent, et bien d’autres choses encore. »
Von der Leyen a confirmé que l’Ukraine avait mis en œuvre « plus de 90 % » des réformes qu’elle avait demandées, tout en rappelant qu’elle devait encore apporter des modifications à sa loi sur les minorités afin de garantir des normes telles que le droit des minorités ethniques à l’éducation dans leur propre langue.
La présidente de la Commission a également mentionné que les questions en suspens comptaient la poursuite de l’amélioration de la transparence des déclarations de patrimoine des hommes politiques, la lutte contre la corruption, et l’adoption d’une loi sur les activités de lobbying.
Selon une déclaration de la présidence ukrainienne, des projets de loi visant à améliorer le fonctionnement du parquet anticorruption, à réduire l’influence des oligarques et à améliorer la transparence des institutions publiques ont déjà été enregistrés à la Rada suprême, le Parlement ukrainien.
Lors de la conférence de presse avec von der Leyen, Zelensky s’est montré confiant quant à la préparation de l’Ukraine à l’examen final et a souligné l’effet motivant qu’un « oui » de tous les États membres aurait pour la société ukrainienne et pour les soldats qui se battent sur le front « pour les valeurs de l’UE ».
UE-Russie : douzième cycle de sanctions, paquet d’aide pour l’Ukraine
Indépendamment d’éventuels jalons politiques, Zelensky et von der Leyen ont tous deux appelé à continuer à soutenir l’Ukraine dans sa réaction à l’agression russe. L’UE examine actuellement une nouvelle série de sanctions contre la Russie et un paquet d’aide à long terme pour soutenir l’Ukraine.
L’UE a déjà fourni 83 milliards d’euros d’aide financière. La présidente de la Commission prévoit que 3 milliards d’euros supplémentaires s’y ajouteront d’ici la fin de l’année. Elle a également déclaré qu’il faudrait encore plus de fonds, faisant référence à 50 milliards d’euros supplémentaires provenant d’un plan additionnel jusqu’en 2027, soutenu par la quasi-totalité des 27 pays de l’UE – à l’exception de la Hongrie et de la Slovaquie, qui hésitent encore.
Von der Leyen a déclaré samedi que l’Union européenne allait annoncer de nouvelles sanctions économiques contre la Russie, y compris des mesures contre les entreprises des pays non membres de l’UE qui contournent les sanctions. Pendant trop longtemps, beaucoup en Europe ont cru qu’il était possible de faire du commerce avec la Russie et d’intégrer le pays dans l’ordre sécuritaire européen, a déclaré la cheffe de l’UE lors d’un discours au Parlement ukrainien.
Cette nouvelle série de mesures punitives – la douzième adoptée par l’UE depuis le début de la guerre – pourrait inclure des sanctions contre les propagandistes russes et contre les personnes impliquées dans la déportation massive de mineurs ukrainiens, ainsi que des mesures contre les entreprises de pays non membres de l’UE qui contournent les sanctions.
Selon von der Leyen, une autre nouveauté pourrait être l’introduction de « nouvelles interdictions d’importation et d’exportation » vers et depuis la Russie, ainsi que des « mesures d’ajustement du plafond du prix du gaz », décidées il y a près d’un an pour priver le Kremlin des moyens de financer l’agression contre l’Ukraine.
Plusieurs hauts fonctionnaires de l’UE ont déclaré la semaine dernière qu’il était prévu de restreindre le commerce des diamants russes. Une interdiction des importations de biens dits à double usage, c’est-à-dire de matériaux pouvant être utilisés à la fois à des fins civiles et militaires, est également examinée. Il pourrait s’agir d’une interdiction d’importation d’aluminium et de restrictions à l’exportation d’autres biens. Les Ukrainiens ont par exemple découvert dans certains missiles russes des puces électroniques qui sont normalement installées dans des réfrigérateurs.
Du fait de la guerre contre l’Ukraine, de nombreuses mesures punitives sont en vigueur depuis longtemps contre la Russie. Elles comprennent une interdiction étendue d’importation de pétrole brut, de charbon, d’acier, d’or et de produits de luxe, ainsi que des sanctions contre les banques et les instituts financiers.
Zelensky a répété sa demande que le nouveau paquet serve à empêcher des violations des sanctions décidées jusqu’à présent.
Ukraine-Russie : pas d’impasse, pas de pression
Le président ukrainien a démenti samedi une impasse supposée de la contre-offensive ukrainienne contre les forces russes, tandis que Kiev déclarait quelques heures plus tard avoir attaqué un chantier naval sur la péninsule de Crimée, annexée par Moscou.
La longue ligne de front entre les deux belligérants n’a guère évolué depuis près d’un an, et un haut fonctionnaire ukrainien a affirmé cette semaine que le conflit se trouvait dans l’impasse.
« Du temps a passé, les gens sont fatigués… Mais ce n’est pas une impasse », a déclaré Zelensky lors de la conférence de presse tenue à Kiev avec la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen.
Du temps a passé, les gens sont fatigués… Mais ce n’est pas une impasse.
Volodymyr Zelensky, président ukrainien
Le chef de l’État ukrainien a également assuré que les pays occidentaux ne faisaient pas pression sur Kiev pour qu’il entame des négociations avec la Russie, après qu’on eut rapporté que des fonctionnaires des États-Unis et de l’UE avaient discuté des conséquences possibles de telles discussions.
« Aucun de nos partenaires ne nous met la pression pour que nous entamions le dialogue avec la Russie, que nous discutions avec elle et lui donnions quelque chose », a-t-il déclaré.
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