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L’immigration fait l’objet de controverses au sein de l’UE depuis des années. Avec une série de succès électoraux des partis d’extrême droite et d’un paysage sécuritaire changeant, les pays membres adoptent des positions de plus en plus restrictives. Ce n’est qu’en mai que le nouveau pacte sur la migration et l’asile a été adopté, prévoyant des règles plus sévères pour lutter contre les flux migratoires irréguliers à partir de l’été 2026. 

Même si des appels à des mesures plus strictes ont été lancés déjà à l’époque, ils ont été réitérés lors du sommet du Conseil européen de la semaine dernière, où la question a occupé le devant de la scène – avec le soutien d’un nombre croissant de pays demandant une protection renforcée des frontières de l’UE, discutant de l’externalisation des procédures d’asile et d’une mise en œuvre rapide des règles concernant le renvoi des migrants. 

Avant le sommet, la présidente de la Commission, Ursula von der Leyen, a annoncé dans une lettre aux dirigeants de l’UE que, au cours de son nouveau mandat, l’exécutif européen envisagerait d’établir des centres de retour dans des pays tiers, où les migrants illégaux seraient envoyés en attendant leur retour dans leur pays d’origine. La politique migratoire ne pourrait être efficace que si ceux qui n’ont pas le droit de rester dans l’UE étaient effectivement renvoyés, écrit von der Leyen dans la lettre.

Lors du sommet de jeudi dernier, les dirigeants européens ont approuvé un texte appelant à une nouvelle législation urgente pour accroître et accélérer les retours de migrants. Ils ont également appelé l’UE à explorer de « nouvelles voies » pour lutter contre l’immigration irrégulière. 

Bien que cela ne soit pas mentionné explicitement, ces mesures pourraient inclure la mise en place de centres de retour en dehors de l’UE, sur le modèle d’un accord conclu entre Rome et Tirana pour envoyer certains migrants en Albanie pour y traiter leurs cas. L’idée d’externalisation divise les 27.  

Actuellement, moins de 20 % des personnes sommées de quitter l’Union sont renvoyées dans leur pays d’origine, selon les statistiques européennes. L’agence de garde-frontières, Frontex, a déclaré que les entrées illégales au cours des neuf premiers mois de cette année ont diminué de 42 pour cent par rapport à l’année dernière – avec 166 000 passages enregistrés. Les chiffres montrent une baisse de 79 pour cent sur la route des Balkans occidentaux et de 64 pour cent sur la route de la Méditerranée centrale, tandis que la frontière terrestre orientale a connu une forte augmentation de 192 pour cent.

Le « mini-sommet » de Meloni

Le 17 octobre, la Première ministre italienne d’extrême droite, Giorgia Meloni, a co-organisé des discussions avec le Danemark et les Pays-Bas, qui ont réuni les gouvernements du centre et d’extrême droite, donnant ainsi le ton à l’événement. 

Des représentants de Grèce, de Tchéquie, d’Estonie, de Chypre, de Slovaquie, de Malte, d’Autriche, de Pologne et de Hongrie étaient présents. Tout comme – participation jugée controversée – la cheffe de la Commission européenne.

Les représentants de tous les pays réunis ont convenu que « nous devons être plus audacieux et plus rapides dans nos réponses », a déclaré ensuite le Premier ministre tchèque Petr Fiala

Le député européen et co-leader des Verts, Bas Eickhout, a déclaré avant le sommet que « nous ne devons pas nous plier aux discours alarmistes de l’extrême droite et à la propagande populiste sur l’immigration ».  

Le projet Italie-Albanie connaît des ratés

En novembre 2023, l’Italie et l’Albanie ont signé un accord sur deux centres de rétention gérés par l’Italie sur le sol albanais, qui ont commencé à fonctionner à la mi-octobre. 

Seize hommes originaires du Bangladesh et d’Égypte sont arrivés au port albanais de Shëngjin le 16 octobre, pour être placés dans un de ces centres jusqu’à ce que leurs dossiers soient traités à distance par des juges italiens. 

L’accord controversé a été considéré par d’autres États membres comme un exemple potentiel de « centres de retour », tandis que les critiques y ont vu un « nouveau Guantanamo » qui externalise le problème et apparaît excessivement coûteux.  

Des juges italiens se sont prononcés vendredi contre la détention des premiers migrants dans ce pays tiers, affirmant qu’un récent arrêt de la Cour de justice de l’UE (CJUE) signifiait que les hommes ne répondaient pas aux critères de détention en Albanie et devaient plutôt être emmenés en Italie.

Quatre des 16 personnes ont été identifiées comme « vulnérables » et ont été immédiatement renvoyées en Italie. Les douze autres sont montées samedi  à bord d’un navire des garde-côtes italiens qui les a transportées à Brindisi, dans le sud de l’Italie, ont indiqué des responsables du port albanais. 

La décision de la Cour a mis en colère des principaux membres du gouvernement de Rome, le vice-Premier ministre Matteo Salvini accusant les juges d’être « politisés ». Meloni a réagi sur X en déclarant : « Les Italiens m’ont demandé de mettre fin à l’immigration clandestine, et je ferai tout mon possible pour tenir parole et mettre fin au trafic d’êtres humains ».

Lundi, le gouvernement italien a approuvé un décret définissant une liste de pays sûrs pour le rapatriement. La mesure vise à résoudre le problème légal concernant la détention des migrants en Albanie et inclut une liste de pays sûrs dans le cadre de la législation primaire (et non plus dans un décret interministériel), « qu’un juge ne peut éviter d’appliquer », a déclaré le ministre de la Justice Carlo Nordio lundi en fin de journée.  

Les mesures prises par Rome à l’égard des migrants, y compris ses centres en Albanie, doivent être conformes au droit de l’UE, a déclaré lundi un porte-parole de la Commission.   

« Nous sommes au courant de la décision prise en Italie et nous sommes en contact avec ses autorités : pour le moment, il n’existe pas de liste européenne des pays tiers sûrs, les États membres ont des listes nationales, mais il est prévu que nous y travaillions », a-t-il précisé.  

Immigration : état des lieux à travers l’UE

Le vent semble avoir tourné en ce qui concerne les migrations en Europe. Alors que beaucoup sont favorables à l’accélération des procédures et à la mise en œuvre du pacte migratoire, l’idée d’externaliser les demandes d’asile en dehors de l’UE divise les 27. Et certains pays tentent même de se retirer complètement de l’accord.   

Ces dernières semaines, les Pays-Bas l’ont demandé à la Commission – une décision sans précédent, qui a peu de chances d’aboutir. La Hongrie a suivi. 

En octobre, le Premier ministre polonais Donald Tusk a annoncé une suspension temporaire du droit d’asile accordé aux migrants arrivant de Biélorussie. Varsovie accuse Moscou et Minsk de pousser les migrants vers la frontière polonaise, qui est également une frontière extérieure de l’UE, afin de déstabiliser l’Union et de miner sa sécurité. 

La Finlande, qui borde la Russie à l’est sur une distance d’environ 1 340 kilomètres, a fermé sa frontière l’année dernière en raison d’accusations selon lesquelles Moscou faisait délibérément passer des demandeurs d’asile sans papiers aux points de passage. À son arrivée au sommet, le Premier ministre finlandais Petteri Orpo a déclaré qu’il « soutient et comprend la Pologne » et a appelé à une solution au niveau européen.

En Suède, l’actuel gouvernement de droite entend adopter la politique la plus stricte de l’Union européenne en matière d’asile et annonce que le nombre de demandeurs d’asile est désormais le plus bas depuis 1997. 

Malgré sa position plus ferme, le gouvernement soutient fermement le nouveau Pacte européen sur l’asile et la migration, et se montre très sceptique à l’égard des pays qui souhaitent bénéficier d’une option de non-participation ou voir un modèle semblable à celui conclu entre le Royaume-Uni et le Rwanda.

L’ancien gouvernement britannique avait prévu d’expulser immédiatement vers le Rwanda les demandeurs d’asile arrivés sans papiers valides. Le projet a été annulé par l’actuel Premier ministre Keir Starmer dès son arrivée au pouvoir.  

Le Parlement allemand a récemment (le 18 octobre) approuvé une réduction des avantages offerts aux demandeurs d’asile. L’adoption de ces nouvelles règles marque un tournant dans la position allemande. Le pays a également étendu les contrôles aux frontières avec ses neuf voisins, suspendant temporairement certains éléments des règles de libre circulation de l’UE.

De son côté, le nouveau ministre français de l’Intérieur, Bruno Retailleau, s’est plaint du fait que la législation européenne rendait « presque impossible » le rapatriement des migrants dans leur pays d’origine. La France a également prolongé les contrôles temporaires aux frontières avec six pays voisins, le Luxembourg, la Belgique, l’Allemagne, l’Italie, l’Espagne et la Suisse, jusqu’à fin avril de l’année prochaine.

Le Premier ministre espagnol Pedro Sánchez s’entretient avec le chancelier allemand Olaf Scholz lors d’un sommet de l’UE à Bruxelles, le 17 octobre 2024 (Photo : Omar Havana/AP/dpa)

Déclarations au sommet

S’exprimant lors du sommet, le chancelier allemand Olaf Scholz a appelé les États membres à avancer dans la mise en œuvre du nouvel accord européen sur la migration. Il reste sceptique quant à l’idée de centres externes.

Ce point de vue a été repris par le Premier ministre espagnol Pedro Sánchez, qui considère que les centres externes ne résoudront aucun des problèmes existants mais en créeront au contraire de nouveaux. Sánchez, également favorable à l’accélération de la mise en œuvre du Pacte, a déclaré que « nous devons faire face au phénomène migratoire en pensant aux générations futures et non aux prochaines élections ».

La Slovénie fait partie elle aussi de ceux qui souhaitent accélérer l’application de certaines dispositions. « La Slovénie plaide pour une mise en œuvre immédiate de mesures destinées à impliquer les pays de transit et les pays d’origine » et pour un financement plus axé sur l’avenir, a souligné le Premier ministre Robert Golob en marge du sommet.

Son homologue portugais, Luís Monténégro, a déclaré que son pays était prêt à accueillir des immigrants mais qu’il ne le ferait pas « les portes grandes ouvertes ». Il a en outre exprimé le soutien aux mécanismes de l’UE contre l’immigration illégale, à condition que les droits de l’homme soient respectés. 

Le chef du gouvernement tchèque, Petr Fiala, a dit aux journalistes que l’Union européenne devait modifier fondamentalement sa politique de retour, mieux protéger ses frontières extérieures et coopérer davantage avec les pays tiers. Il a ajouté que la solution n’était pas de « faire des contrôles à l’intérieur de l’espace Schengen, comme c’est le cas actuellement ». 

Effets inquiétants dans le voisinage ?

La Bosnie-Herzégovine, en tant que pays de transit clé sur la route migratoire des Balkans, est confrontée à une pression accrue en raison des tentatives de franchissement illégal de la frontière avec la Croatie. Des mesures plus strictes aux frontières de l’UE pourraient entraîner le blocage d’un nombre plus élevé de migrants en Bosnie-Herzégovine.  

Son Service des étrangers n’est pas préoccupé par le nombre actuel de migrants, qui reste identique aux années précédentes. Bien que la situation aux frontières avec la Serbie et le Monténégro soit actuellement stable, les autorités ont averti qu’il pourrait y avoir une augmentation des entrées illégales en provenance d’Albanie dans la période à venir, à la suite de l’accord Italie-Albanie. 

Cet article est publié deux fois par semaine. Le contenu est basé sur les informations des agences participant à l’ENR.