Guerre en Ukraine, différends commerciaux et économiques avec la Chine et les États-Unis, inflation : lʼUE est de toutes parts confrontée à des défis. Les chefs dʼÉtat et de gouvernement de lʼUnion européenne ont célébré la Journée de lʼEurope et discuté des questions à lʼordre du jour de lʼUnion.
Tandis que le chancelier allemand Olaf Scholz appelait mardi à davantage de coopération internationale dʼégal à égal, refusant lʼidée de faire de lʼUnion européenne une troisième « puissance mondiale » aux côtés des États-Unis et de la Chine, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, affichait à Kiev sa solidarité avec lʼUkraine.
Le commissaire européen chargé de la gestion des crises, Janez Lenarčič, a évoqué en Slovénie les réalisations de lʼUnion européenne quant au marché unique, à lʼespace Schengen, à lʼeuro et au programme Erasmus, mais a déclaré que la vision du pionnier de lʼUE, Robert Schuman, nʼavait pas encore été concrétisée. « LʼEurope nʼa pas encore atteint la paix », a déclaré le commissaire.
Le 9 mai déclaré Journée de lʼEurope en Ukraine
En se rendant dans la capitale ukrainienne à lʼoccasion de la première célébration de la Journée de lʼEurope en Ukraine, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a élevé la voix face à la célébration de la victoire soviétique sur l’Allemagne nazie. « Les valeurs qui nous tiennent à cœur sont défendues ici chaque jour », a-t-elle souligné. Mais von der Leyen et le président ukrainien Volodymyr Zelensky nʼont pas seulement discuté dʼidées et de principes.
Aux côtés de la présidente de la Commission européenne, Zelensky a appelé lʼUE à accélérer les livraisons de munitions, à lever les restrictions « inacceptables » sur les exportations ukrainiennes de céréales et à entamer des discussions sur lʼadhésion de lʼUkraine à lʼUE. « Il est temps de mettre fin à lʼincertitude politique artificielle dans les relations entre lʼUkraine et lʼUE », a déclaré Zelensky devant les journalistes lors dʼune conférence de presse commune.
Après les entretiens à Kiev, von der Leyen a exprimé sa conviction que lʼUkraine prenait ses ambitions européennes très au sérieux. « Après cette visite, je suis plus impressionnée que jamais par la détermination des Ukrainiens, malgré les grands défis auxquels ils sont confrontés. Nous devons continuer à les soutenir », a-t-elle déclaré à un journaliste de lʼAFP présent sur place en tant que reporter de pool pour la European Newsroom.
Von der Leyen informera les chefs dʼÉtat et de gouvernement des États membres de lʼUE au cours du mois prochain et leur présentera en octobre un rapport sur les progrès de lʼUkraine en matière de réformes démocratiques et de lutte contre la corruption. Les États membres devront alors décider sʼils souhaitent entamer des discussions formelles dʼadhésion à lʼUE.
Dans les capitales de lʼUE, on accueille lʼUkraine avec beaucoup de bonne volonté mais aussi avec scepticisme quant à la capacité dʼun pays à lʼhistoire récente aussi troublée à entamer dès cette année des négociations dʼadhésion formelles. Bruxelles estime que les discussions pourraient durer de six à dix ans une fois quʼelles auront commencé, tandis que Kiev est plus optimiste.
« Après cette visite, je suis plus impressionnée que jamais par la détermination des Ukrainiens, malgré les grands défis auxquels ils sont confrontés. Nous devons continuer à les soutenir »
Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne
EU27+: Promesses, unité et élargissement équitable ?
« Nous avons dit aux pays des Balkans occidentaux, à lʼUkraine et à la Moldavie : vous êtes des nôtres, nous voulons que vous deveniez membres de lʼUnion européenne », a déclaré le chancelier allemand Olaf Scholz lors dʼun discours au Parlement européen le 9 mai. Il a ajouté quʼil ne sʼagissait pas dʼaltruisme « mais de crédibilité et dʼintérêts économiques », ainsi que de la volonté de garantir la paix en Europe, en particulier après le tournant que constitue lʼattaque russe contre lʼUkraine.
Scholz a ajouté quʼune politique dʼélargissement équitable impliquait de tenir les promesses faites à tous les pays des Balkans occidentaux auxquels une perspective européenne avait été annoncée il y a vingt ans. « Une Europe géopolitique doit tenir les promesses faites à ses voisins », a-t-il déclaré.
LʼEspagne, qui prendra la présidence tournante du Conseil de lʼUE le 1er juillet, a célébré la Journée de lʼEurope en organisant des événements dans tout le pays. Le gouvernement espagnol sʼefforce de renforcer les relations de lʼUE avec lʼAmérique latine, les diplomates espagnols estimant que lʼEurope doit sʼouvrir à des « partenaires fiables » afin de garantir les chaînes dʼapprovisionnement en cette période délicate pour lʼUE au niveau géostratégique.
Stabiliser les Balkans et contrer lʼinfluence de la Russie et de la Chine
Les dirigeants de lʼUnion européenne avaient déjà promis, lors dʼun sommet UE-Balkans occidentaux en décembre 2022, de renforcer les relations avec les pays de cette région – une volonté qui devait encore sʼintensifier du fait de la guerre russe contre lʼUkraine. Cette guerre a mis encore plus en évidence lʼimportance pour lʼUE dʼamener les Balkans dans son orbite afin de stabiliser la région et de contrer lʼinfluence de la Russie et de la Chine.
La diplomatie espagnole a également fait du rapprochement avec les Balkans occidentaux lʼune de ses priorités, comme lʼa souligné le ministre espagnol des Affaires étrangères José Manuel Albares en se rendant en Serbie, en Bosnie-Herzégovine, en Albanie et en Macédoine du Nord le mois dernier. La présidente slovène Nataša Pirc Musar a elle aussi déclaré quʼelle croyait en davantage dʼEurope et quʼelle sʼengageait en ce sens dans les Balkans occidentaux, convaincue que cela apporterait plus de stabilité à la région.
Les célébrations du 9 mai ont toutefois montré que les deux entités de Bosnie-Herzégovine avaient des perspectives très différentes sur leur avenir politique et leur future adhésion à lʼUE: alors que la Fédération de Bosnie-Herzégovine célébrait la Journée de lʼEurope en organisant de nombreuses manifestations culturelles, la République serbe a fêté comme la Russie le jour de la victoire sur le fascisme.
Marko Troshanovski, président de lʼinstitut pour la démocratie Societas Civilis Skopje, et Andreja Stojkovski, directeur exécutif de lʼinstitut PRESPA, groupe de réflexion indépendant de Macédoine du Nord, voient eux aussi le processus dʼélargissement actuel dʼun œil plutôt critique. « Malgré lʼurgence due à la guerre en Ukraine, dont on sʼattendait il y a un an déjà à ce quʼelle accélère le processus, on ne constate aucun changement significatif quant à lʼélargissement. LʼUE nʼa pas de vision globale à ce sujet et les États membres ne témoignent dʼaucun intérêt pour le processus ni pour lʼétablissement dʼéchéances en vue dʼun nouvel élargissement », ont-ils déclaré le 9 mai à lʼagence de presse nord-macédonienne MIA.
Cette rubrique paraît le vendredi. Le contenu est basé sur les informations des agences participant à l’enr.