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« J’espère que nous y parviendrons », a déclaré mardi la commissaire européenne aux Affaires intérieures, Ylva Johansson, dans une interview à la veille du vote sur la réforme de l’asile. « Cela a été un marathon », a-t-elle déclaré à propos de l’arrivée du texte à la phase d’adoption. 

Le Parlement européen a adopté mercredi une réforme radicale et profonde des politiques d’asile européennes qui renforcera les procédures aux frontières et obligera les 27 pays membres à partager leurs responsabilités. 

Les principaux groupes politiques du Parlement ont surmonté l’opposition des partis d’extrême droite et d’extrême gauche pour adopter le nouveau pacte sur la migration et l’asile. 

La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a salué le vote, estimant qu’il permettrait de « sécuriser les frontières européennes (…) tout en assurant la protection des droits fondamentaux » des migrants. 

Une avancée cruciale était survenue en décembre sous la présidence espagnole du Conseil lorsqu’une majorité pondérée des pays de l’UE a soutenu les réformes, en dépit de l’opposition de la Hongrie et de la Pologne.

Le chancelier allemand Olaf Scholz et le ministre grec des Migrations Dimitris Kairidis ont tous deux qualifié la réforme d’« historique ». Kairidis a souligné que le gouvernement grec avait soutenu cet effort dès le début et que cette décision était historique pour « l’unification européenne », selon l’agence de presse grecque. 

Le président français Emmanuel Macron a lui estimé que l’Europe agissait ainsi « efficacement et humainement », tandis que le ministre italien de l’Intérieur Matteo Piantedosi a salué ce qu’il a qualifié de « meilleur compromis possible ». 

Mais des dissensions ont éclaté lorsque le Premier ministre hongrois Viktor Orbán a stigmatisé la réforme en la qualifiant de « nouveau clou planté dans le cercueil de l’Union européenne ». 

« L’unité est morte, les frontières sûres ne le sont plus. La Hongrie ne cédera jamais à la frénésie migratoire de masse ! Nous avons besoin d’un changement à Bruxelles pour arrêter la migration ! », a -t-il asséné sur X. 

Critiques des ONG

Les organisations humanitaires qui travaillent sur le dossier des migrants ont également critiqué l’accord, qui prévoit la construction de centres frontaliers pour accueillir les demandeurs d’asile et le renvoi de certains d’entre eux vers des pays « sûrs » en dehors de l’UE. 

Amnesty International a notamment jugé que l’UE soutenait « honteusement » un accord « dont elle sait qu’il entraînera de plus grandes souffrances humaines », tandis que la Fédération de la Croix-Rouge a exhorté les États membres « à garantir des conditions humaines aux demandeurs d’asile et aux migrants concernés ». 

Le vote en session plénière à Bruxelles a lui-même été brièvement perturbé par des manifestants qui ont fait irruption dans l’hémicycle en criant : « Le pacte tue, votez non ! », tandis que des dizaines d’autres réunis devant le Parlement à Bruxelles brandissaient des pancartes avec des slogans dénonçant la réforme. 

Le groupe d’extrême gauche du Parlement, qui maintient que les réformes sont incompatibles avec l’engagement de l’Europe en faveur du respect des droits humains, a estimé qu’il s’agissait d’un « jour sombre ». 

C’est « un pacte avec le diable », a tonné de son côté l’eurodéputé français Damien Carême, du groupe des Verts.

En janvier, Elma Saiz, la ministre espagnole de l’Inclusion, de la Sécurité sociale et des Migrations, avait défendu le pacte migratoire face aux critiques de plusieurs partis de gauche qui dénonçaient la perte des droits des migrants. Saiz a décrit l’accord comme « un pas en avant » permettant une plus grande coordination au niveau européen et une meilleure intégration des migrants sur le marché du travail. 

Mesures pour réduire l’afflux de migrants dans le sud

Selon les règles en vigueur de l’UE, le pays d’arrivée est responsable de l’accueil et de l’examen des demandeurs d’asile, ainsi que du renvoi de ceux jugés non-admissibles. Ce système a mis les États du Sud sous pression et alimenté l’opposition d’extrême droite.

Les nouveaux centres frontaliers détiendraient les migrants en situation irrégulière pendant que leurs demandes d’asile seraient examinées dans le cadre du nouveau système. Et les procédures d’expulsion seraient accélérées. 

La réforme exigera que chaque de l’UE accueille des milliers de demandeurs d’asile en provenance d’États « de première ligne » comme l’Italie et la Grèce. Alternativement, ils pourraient fournir de l’argent ou d’autres ressources aux pays sous pression. Au moins 30 000 demandeurs d’asile seront soumis chaque année à ce système de relocalisation. Une compensation financière de 20.000 euros par refus de relocalisation serait fixée pour ceux qui préféreraient payer au lieu d’héberger des migrants.

Les pays de première entrée, comme l’Italie, a assuré Ursula von der Leyen, « ne seront plus seuls » face aux défis posés par l’immigration. « Le pacte tient compte de nos besoins », a souligné le ministre italien de l’Intérieur Matteo Piantedosi. « C’est le meilleur compromis possible. (…) L’Italie a joué un rôle important, tout comme le Parti populaire européen, PPE », a commenté le chef de la diplomatie de Rome Antonio Tajani. 

Dans une interview, un jour avant le vote final, la commissaire aux Affaires intérieures a souligné qu’avec le nouveau pacte, « un certain nombre de lacunes concernant les mouvements secondaires » seraient également comblées. 

Il est déjà prévu qu’après une période de transposition de deux ans, « si une personne arrive au Portugal et demande l’asile au Portugal, elle devra rester au Portugal », a expliqué Ylva Johansson en réponse à l’agence de presse Lusa. Ce dispositif vise à éviter que ce pays ne devienne une porte d’entrée vers l’UE pour les migrants souhaitant ensuite s’installer dans des pays comme l’Allemagne ou la France. 

Le pacte prévoit une réponse d’urgence en cas de poussées migratoires inattendues, comme lors de la crise à laquelle l’UE a été confrontée en 2015-2016 lorsque plus de deux millions de demandeurs d’asile sont entrés dans l’Union, dont beaucoup venaient de Syrie et d’Afghanistan déchirés par la guerre. Les demandes d’asile ont atteint 1,14 million en 2023, soit le niveau le plus élevé depuis 2016. 

Tusk s’engage à « protéger » la Pologne contre la relocalisation de migrants

Le Premier ministre polonais Donald Tusk a déclaré mercredi que son gouvernement « protégerait la Pologne contre le mécanisme de relocalisation [de l’Union européenne] ». 

Le parti de droite polonais PiS, au pouvoir jusqu’aux élections d’octobre 2023, avait été un fervent critique des réformes, et la nouvelle coalition gouvernementale dirigée par Tusk a maintenu cette position en dépit de son orientation largement pro-européenne. 

Accords sur les flux migratoires

Parallèlement à la réforme, l’UE a reproduit le même type d’accord que celui signé avec la Turquie en 2016 pour endiguer les flux migratoires. Des accords ont été conclus avec la Tunisie et, plus récemment, avec l’Égypte, qui sont présentés comme des cadres de coopération plus larges. Ils n’en ont pas moins été critiqués par de nombreux législateurs. 

La Bulgarie, frontalière avec la Turquie, a été fortement touchée par les flux migratoires en provenance de ce pays. Cette année, le nombre de passages illégaux a baissé par rapport à la même période en 2023, selon le ministre de l’Intérieur sortant, Kalin Stoyanov. Le 22 mars, ce dernier a déclaré que cette année, il y avait eu 5 777 passages illégaux, contre 18 474 l’année précédente. 

L’Autriche et les Pays-Bas avaient initialement mis leur veto à l’adhésion de la Bulgarie à l’espace Schengen en 2022, car elle était considérée comme une voie de transit pour de nombreux migrants cherchant à rejoindre l’Europe centrale et occidentale.

Adversaires

Marine Le Pen, figure de proue du Rassemblement national, parti français d’extrême droite, a déploré que les changements apportent « une impunité juridique aux ONG complices des passeurs ».Mme Le Pen et le chef de son parti qui siège au Parlement européen, Jordan Bardella, ont déclaré qu’ils chercheraient à renverser la réforme après les élections européennes de juin, qui pourraient permettre une hausse du nombre d’eurodéputés d’extrême droite.   

De son côté, le gouvernement de Budapest a réaffirmé que la Hongrie n’accepterait aucun demandeur d’asile. 

« Ce nouveau pacte migratoire donne pratiquement le feu vert à l’immigration illégale vers l’Europe », avait déclaré le ministre hongrois des Affaires étrangères Peter Szijjarto avant le vote, ajoutant que Budapest « ne permettrait pas aux migrants illégaux de mettre les pieds ici en Hongrie ». 

La République slovaque a aussi rejeté sans équivoque le pacte et a déclaré qu’elle était opposée à la redistribution obligatoire des migrants illégaux, selon son ministre des Affaires étrangères Juraj Blanár qui s’est exprimé après le vote. 

Les eurodéputés tchèques ont apporté leur soutien à certains éléments de l’accord, tout en en rejetant d’autres. Leur position reflète les critiques selon lesquelles les propositions ne constituent pas de solutions globales au défi migratoire et manquent d’ambition. En outre, ces derniers ont exprimé leurs inquiétudes quant à l’incapacité du pacte à aborder les stratégies de prévention des migrations. 

Résultat

Roberta Metsola (à gauche), présidente du Parlement européen, et Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne, s’expriment mercredi lors d’une conférence de presse au Parlement européen sur le vote ayant ouvert la voie à la réforme controversée du droit d’asile dans l’UE. (Photo : Jessica Lichetzki/dpa)

Pour sa part, la présidente du Parlement européen, Roberta Metsola, a assuré qu’elle n’était pas surprise par le résultat serré des votes sur les différentes lois du pacte migratoire, étant donné qu’il s’agit de « questions politiquement sensibles ». 

« C’est un moment décisif », a déclaré le vice-président de la Commission européenne, Margaritis Schinas. « Le Pacte que vous avez devant vous ne reconstruit pas le Parthénon. Nous n’avons jamais prétendu le faire », a-t-il déclaré, ajoutant qu’avant, il existait un « non-système migratoire » qui permettait aux populistes de gagner des voix. 

Les mesures du nouveau pacte devraient entrer en vigueur en 2026, après que la Commission européenne aura défini les modalités de leur mise en œuvre. 

Cet article est publié chaque semaine. Le contenu est basé sur les informations des agences participant à l’ENR.