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Le rapport de Mario Draghi jette un regard sévère sur la stagnation économique de l’Union européenne, appelant à davantage d’investissements et à une prise de décision plus rapide.

L’ancien Premier ministre italien a reconnu le caractère ambitieux de ses propositions, qui représenteraient une aide plus importante que le plan Marshall d’après-guerre pour reconstruire l’Europe, arguant qu’elles étaient justifiées par un « défi existentiel » auquel l’Union était confrontée.

Son plan de compétitivité, basé sur quelque 170 propositions, recommande un investissement annuel de 750 à 800 milliards d’euros, des emprunts communs et des réformes pour rattraper le retard à l’égard des concurrents tels que les États-Unis et la Chine.

Il a déclaré que « la seule façon pour l’Europe de devenir plus productive est de changer radicalement », mais des inquiétudes subsistent quant à la faisabilité des changements proposés, à leur financement et à l’impact sur la compétitivité future de l’Union.

La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, qui a obtenu en juillet un deuxième mandat de cinq ans, espère utiliser le document de 400 pages pour définir les priorités de son cabinet. Elle avait commandé ce rapport l’année dernière.

Les premières discussions suivront en octobre, a déclaré le Premier ministre croate Andrej Plenković. 

Que veut Draghi ?  

L’ancien Premier ministre italien appelle à davantage d’investissements dans la recherche et l’innovation, les énergies propres, à une prise de décisions réglementaires plus rapide et à « une nouvelle stratégie industrielle pour l’Europe ».

« Nous avons atteint le point où, si nous n’agissons pas, nous devrons remettre en cause notre bien-être, notre environnement ou notre liberté », a-t-il déclaré lors d’une conférence de presse à Bruxelles. « Ça va être une lente agonie. »

La présidente de la Banque centrale européenne (BCE), Christine Lagarde, a déclaré que le rapport était « sévère » mais « juste », ajoutant que ses propositions pourraient aider la BCE « à obtenir de meilleurs résultats dans notre politique monétaire ».

« Le rapport de Mario Draghi sur la compétitivité européenne est cohérent et porte un regard précis sur la situation mondiale », a déclaré le Premier ministre croate Andrej Plenković.  

Technologie productive : L’ancien président de la BCE souhaite que la zone euro comble son écart en matière d’innovation avec les États-Unis, soulignant l’avantage majeur que détient Washington dans le secteur de la haute technologie.

Dans l’économie américaine, « l’essentiel de la productivité est concentré dans le secteur de haute technologie », déclare Draghi, soulignant que si on compare sans tenir compte des technologies, la productivité économique de l’UE s’en sort mieux.

Il souhaite que l’UE réduise les réglementations et facilite aux entrepreneurs technologiques, en particulier aux petites entreprises la possibilité de s’y conformer, et qu’on augmente les financements pour permettre aux entreprises de se développer.

Décarbonation contre croissance : L’UE doit également utiliser son statut de « leader mondial des technologies propres » comme les éoliennes pour parvenir à une nouvelle croissance grâce à des politiques visant à réduire les émissions de carbone, estime Draghi.

Il avertit toutefois dans son rapport que si les politiques ne sont pas correctement coordonnées, alors « la décarbonation pourrait aller à l’encontre de la compétitivité et de la croissance ».

L’ancien Premier ministre italien met en garde également contre une dépendance excessive à l’égard de la Chine et souligne que « la concurrence soutenue par l’État chinois » constitue également une menace pour les technologies propres et l’industrie automobile de l’UE.

Selon Draghi, « imiter l’approche américaine consistant à exclure systématiquement la technologie chinoise » retarderait la transition de l’UE vers l’abandon des combustibles fossiles et imposerait des coûts plus élevés à l’économie.

Politique économique étrangère : en comparant l’UE avec les États-Unis et la Chine, Draghi appelle l’Union à développer une « politique économique étrangère » pour élaborer des accords commerciaux plus préférentiels, constituer des stocks de matières premières stratégiques et sécuriser les chaînes d’approvisionnement en technologies sensibles.

Il souligne que « contrairement aux combustibles fossiles, l’UE dispose de gisements de certaines matières premières essentielles », en soulignant le cas du lithium au Portugal, qui peut être utilisé pour les véhicules électriques, les éoliennes et d’autres produits.

Cependant, à l’heure actuelle, « l’UE continue de s’appuyer fortement sur les importations de matières premières au lieu d’exploiter ses propres ressources », critique-t-il.

Le lithium est un élément essentiel des batteries lithium-ion utilisées dans les véhicules électriques, dont la demande a augmenté rapidement ces dernières années et devrait atteindre plus de 30 % des ventes annuelles de véhicules d’ici 2030.

Le Portugal est connu comme le plus grand et, en fait, le seul site de production de lithium important de l’UE, mais une telle exploitation n’est pas sans susciter des controverses. Les géologues mettent en garde contre les impacts sur l’environnement.

Plus largement, Draghi appelle à davantage d’achats conjoints dans le domaine de la défense, à un assouplissement des règles de concurrence sur le marché des télécommunications pour permettre une plus grande consolidation et à un développement des marchés de capitaux pour stimuler les investissements. 

La question de l’argent

Pour parvenir à une nouvelle croissance économique, l’UE doit investir l’équivalent de 4,4 à 4,7 % de son produit intérieur brut (PIB) en 2023, soit entre 750 et 800 milliards d’euros par an. 

Selon Draghi, les investissements devraient être en partie financés par l’Union européenne au moyen d’emprunts conjoints sur le modèle de son instrument historique NextGenerationEU conçu pour la reprise après la pandémie de Covid-19. L’Union a eu recours à des emprunts conjoints pour constituer un fonds de 800 milliards d’euros destiné à soutenir les économies des États membres durement touchées par la pandémie, mais le concept reste controversé.

Draghi affirme que l’UE devrait émettre de nouveaux « instruments de dette communs… pour financer des projets d’investissement communs qui augmenteront la compétitivité et la sécurité de l’UE ».

Parmi les plus fervents partisans de cette idée figurent la France et l’Italie, mais d’autres pays, dont l’Allemagne et les Pays-Bas, s’y opposent, craignant d’être contraints de contribuer de manière disproportionnée aux dépenses des autres États membres.

Le ministre allemand des Finances, Christian Lindner, a rapidement rejeté cette idée. « Les emprunts conjoints de l’UE ne résoudront pas les problèmes structurels », a-t-il déclaré.

Conscient de l’opposition à sa proposition, Draghi a déclaré que des emprunts communs ne seraient possibles que si « les conditions politiques et institutionnelles sont remplies ». 

L’eurodéputé belge Bruno Tobback, membre de la commission Industrie du Parlement européen, a déclaré qu’il fallait de nouveaux fonds publics pour financer la transition. « Si les États membres prêtent ensemble, ils minimisent leurs risques, se voient offrir davantage de répit financier et bénéficient d’un important stimulus pour leur économie », a déclaré Tobback.

Cependant, de nombreux économistes et experts politiques s’accordent sur le fait que malgré les objectifs ambitieux du rapport, sa mise en œuvre risque d’être insuffisante.

Si l’UE veut réduire sa dépendance à l’égard de la Chine et rattraper les États-Unis, alors « 27 stratégies industrielles différentes ne suffiront pas », dit Neil Makaroff, directeur de Strategic Perspectives, un groupe de réflexion européen sur le climat, dans un communiqué.

Le président de la commission du budget du Parlement européen et ancien ministre belge des Finances, Johan Van Overtveldt, a souligné que l’émission d’« actifs sûrs communs », comme les appelle Draghi, est typique d’un État à part entière, mais que l’UE n’en est pas encore là. Il a déclaré que de l’argent frais pourrait être trouvé en réduisant certaines dépenses et en augmentant les contributions directes des États membres au budget de l’UE. Van Overtveldt envisage également la mise en œuvre complète de l’Union des marchés de capitaux, car elle peut garantir « un retour sur investissement important », affirme-t-il.

Marko Jaklič, professeur à la Faculté d’économie de l’Université de Ljubljana, suit le même raisonnement : « Je suis assez sceptique. Il y a certainement des raisons économiques pour un investissement commun et également un financement, mais je ne suis pas sûr que la maturité politique soit suffisante. Je serai agréablement surpris si la nouvelle Commission européenne se montre capable de convaincre les États membres. »

« Le rapport n’est pas une recette idéale pour tous les pays, mais c’est une assez bonne recette pour encourager le développement des multinationales européennes », estime Bojan Ivanc, économiste en chef à la Chambre de commerce et d’industrie slovène.

Cet article est publié deux fois par semaine. Le contenu est basé sur les informations des agences participant à l’ENR.