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En été 2022, la Commission européenne a proposé une loi prévoyant notamment de réduire de 50 % l’utilisation et les risques des pesticides chimiques d’ici 2030.

Cette proposition de la Commission européenne se heurte à l’opposition de plusieurs États membres. Si certains reconnaissent l’importance de telles mesures de protection de l’environnement, d’autres tirent la sonnette d’alarme, inquiets de l’impact potentiel sur leurs propres industries agricoles et sur la sécurité alimentaire européenne dans son ensemble.

En revanche, dans le cadre du débat sur une réduction sensible des pesticides dans l’agriculture européenne, l’eurodéputée verte Sarah Wiener insiste pour l’adoption de règles beaucoup plus strictes. Dans un rapport, elle propose entre autres des taxes plus élevées sur les pesticides, une réduction accrue des produits phytosanitaires particulièrement dangereux et des compromis sur l’interdiction totale des produits chimiques dans les domaines hautement sensibles. Selon Wiener, cette interdiction devrait par exemple inclure des exceptions pour les pesticides biologiques.

Les ambitions de la Commission européenne en matière de protection de l’environnement s’imposeront-elles face aux préoccupations exprimées dans l’ensemble de l’UE quant à leurs effets négatifs sur le secteur agricole et la sécurité alimentaire européenne ?

La Croatie se veut positive mais prévoit des objectifs de réduction spécifiques à chaque pays

Le ministère croate de l’Agriculture a déclaré qu’il était nécessaire d’accélérer et de faciliter l’autorisation de produits phytosanitaires alternatifs au niveau de l’UE et la mise sur le marché de produits phytosanitaires contenant des substances biologiquement actives, précisant qu’un soutien financier devrait être accordé aux États membres à cet effet.

Le ministère croate de l’Agriculture estime également que le règlement devrait imposer une méthodologie commune à tous les États membres, sur la base de laquelle la Commission européenne pourrait calculer leurs progrès et les comparer à la moyenne de l’UE. En s’appuyant sur ces données, l’objectif national de réduction des pesticides serait fixé pour chaque État membre. Des objectifs quantitatifs de réduction spécifiques à chaque pays devraient ensuite être déterminés dans le cadre du plan d’action national visant à parvenir à une utilisation durable de ces pesticides.

En outre, la Croatie estime nécessaire d’encourager la transition vers des méthodes de protection alternatives plus durables, c’est-à-dire de promouvoir la recherche dans ce domaine, de garantir une disponibilité adéquate des agents biologiques, et de renforcer le soutien financier au niveau de l’UE d’investissements supplémentaires dans des moyens et des méthodes alternatifs.

La demande d’une évaluation spécifique par pays de l’impact d’une réduction des pesticides chimiques est reprise, quoique de manière plus stricte, par d’autres États membres, qui estiment que la Commission européenne ne devrait pas mettre dans le même panier leurs secteurs agricoles respectifs.

La sécurité alimentaire au centre des préoccupations

Dans ce contexte, la Slovénie s’oppose avant tout à l’adoption du règlement sur l’utilisation durable des pesticides et des produits phytosanitaires parce que celui-ci ne tient pas compte des différences entre les secteurs agricoles des divers États membres. Les agriculteurs slovènes, qui se sont rassemblés en masse fin mars, ont demandé au gouvernement de rejeter le règlement. Ils ont qualifié la proposition de « catastrophique », étant donné que les zones qu’elle touche en Slovénie représentent la moitié du pays et 40 % de la surface agricole totale.

Au cours des négociations, la Slovénie a proposé une autre méthodologie visant à tenir compte de la contribution de chaque pays à la moyenne européenne d’utilisation de produits phytosanitaires. L’eurodéputé Franc Bogovič, du Parti populaire européen (PPE), est un des opposants à la réduction drastique de l’utilisation des pesticides. Il a déposé une série d’amendements destinés à réviser le règlement et à abaisser l’objectif de réduction. Il a également demandé une évaluation de l’impact de la proposition sur la sécurité alimentaire de chaque pays, estimant que dans sa forme actuelle, le règlement mettait sérieusement en danger la sécurité alimentaire des pays.

En Allemagne, la proposition a incité les agriculteurs à venir manifester à Bonn avec environ 200 tracteurs. Les eurodéputés allemands de l’alliance chrétienne-démocrate CDU/CSU ont exprimé leur compréhension pour ces protestations. L’eurodéputé allemand Norbert Lins a lui aussi critiqué l’interdiction totale des pesticides prévue dans certaines zones protégées.

Mettre l’accent sur les conditions spécifiques à chaque pays

L’association roumaine de l’Industrie des produits phytopharmaceutiques (AIPROM) estime que la méthodologie de détermination des objectifs de réduction des pesticides devrait continuer à se baser sur l’utilisabilité et les risques potentiels, mais qu’elle devrait également tenir compte de l’environnement agricole spécifique à chaque pays, des réussites passées, et des différentes positions de départ de chacun des États membres.

« La Roumanie, par le biais de l’agence nationale pour la Protection des végétaux, estime que la proposition de règlement sur l’utilisation durable des produits phytopharmaceutiques élaborée par la Commission européenne doit faire passer la sécurité alimentaire des citoyens européens avant les ambitions de protection de l’environnement », a déclaré Petre Daea, ministre de l’Agriculture et du Développement rural.

L’Italie et la majorité des États membres ont demandé à la Commission des données supplémentaires afin de vérifier l’impact sur la production de la proposition visant à réduire de moitié l’utilisation des pesticides d’ici 2030. Concernant la réduction des pesticides : « Nous devons réfléchir sérieusement et faire des recherches [afin que] la réduction des pesticides soit menée de pair avec des activités visant à les remplacer », a déclaré le ministre italien de l’Agriculture, Francesco Lollobrigida, en marge du sommet du Conseil de l’UE de décembre 2022.

Dès que la Commission européenne a présenté sa première proposition, l’été dernier, l’Espagne a émis des réserves sur l’idée de réduire l’utilisation des pesticides chimiques d’ici 2030. Le gouvernement espagnol a exigé que les agriculteurs disposent de suffisamment d’alternatives à ces pesticides avant de pouvoir mettre en œuvre la nouvelle restriction. En outre, le ministre espagnol de l’Agriculture, Luis Planas, a souligné la nécessité de concilier la protection de l’environnement avec l’activité économique de l’agriculture, qui est un secteur clé dans de nombreuses zones rurales du pays.

La Serbie cherche à se conformer à la législation européenne sur les pesticides  

En Serbie, pays candidat à l’adhésion à l’UE depuis 2008, les agriculteurs qui utilisent les fonds de pré-adhésion signent un contrat dans lequel ils s’engagent à respecter toutes les normes de l’UE dans leurs exploitations. L’utilisation de pesticides, leur quantité, leur mode d’application, leur stockage et leur élimination sont ainsi documentés. L’objectif est que tous les agriculteurs s’y engagent, afin d’obtenir une image réaliste des quantités de pesticides chimiques utilisées et de la manière dont ils sont employés.

« Notre liste de préparations autorisées n’est pas encore harmonisée à 100 % avec celle de l’UE, mais nous nous y employons. Chaque année, un certain nombre de préparations sont rayées de la liste, rapporte Milenko Jovanovic, de l’association serbe des Jeunes agriculteurs (SUMP). L’objectif est d’être totalement harmonisés avec l’UE dans environ 3 à 5 ans. Mais le fait que cette harmonisation s’accompagne de restrictions supplémentaires aura un impact négatif sur le moral des agriculteurs, car elles rendent la production plus chère et plus difficile. Chaque année, les défis du domaine phytosanitaire grandissent », ajoute Jovanovic.

Cette rubrique paraît le vendredi. Le contenu est basé sur les informations des agences participant à l’enr.