Après l’adjonction de 11 députés européens, le groupe des Conservateurs et réformistes européens (CRE) est passé à la troisième place au Parlement européen en termes de nombre de membres, devant le groupe libéral Renew Europe (RE). Les libéraux auront du mal à récupérer leur position, car ils sont abandonnés par le parti d’Andrej Babis, et le CRE continue de « pêcher » de nouveaux noms.
En ce moment, les groupes politiques au Parlement européen veulent une chose : attirer le plus de députés européens possible. Selon les premiers résultats estimés après les élections du Parlement européen, il y avait jusqu’à 102 députés non affiliés. Moins de deux semaines plus tard, ce nombre a chuté à 83 mandats, et les remaniements se poursuivent.
Il s’agit à la fois de députés qui feront leurs débuts au Parlement européen et qui ne sont pas encore affiliés à un parti (ils sont actuellement 38), ainsi que de ceux qui n’appartenaient à aucun groupe dans la chambre sortante (ils sont 45). Un tel parti est par exemple l’Alternative pour l’Allemagne (AfD), reléguée juste avant les élections du groupe de l’extrême droite Identité et Démocratie (ID). Les radicaux allemands veulent créer leur propre groupe au Parlement européen, qui serait le troisième groupe de droite. Pour que cela soit possible, ils doivent attirer 23 députés européens élus d’au moins sept pays.
Il faut également agir rapidement – pour qu’un groupe puisse participer à la répartition des postes au Parlement européen, il doit être formé avant la première session du Parlement européen, soit avant le 16 juillet et informer l’administration du Parlement européen de sa composition et de son bureau d’ici là.
On spéculait que le partenaire potentiel de l’AfD pourrait être la Confédération polonaise, dont six députés européens feront leurs débuts au Parlement européen. La députée confédérée Anna Bryłka, citée vendredi par le portail Euractiv, doute toutefois, qu’un nouveau groupe dirigé par l’AfD soit formé « même s’il y a des plans et une volonté ».
Comme le dit une source au Parlement européen, les groupes de l’extrême droite sont très diversifiés – les partis nationaux qui les composent diffèrent en termes d’opinions et ont souvent des intérêts contradictoires, c’est pourquoi la consolidation de la droite au Parlement européen est problématique. « On ne peut pas, par exemple, comparer la Nouvelle Alliance Flamande belge avec le parti d’extrême droite espagnol VOX, et pourtant les deux partis appartiennent au même groupe, c’est-à-dire le CRE », a noté l’interlocuteur de PAP.
Le parti Fidesz du premier ministre hongrois Viktor Orban reste toujours sans affiliation, ayant quitté le Parti populaire européen (PPE) en 2021 à cause d’un conflit sur l’état de droit. On ne sait toujours pas si et à quel groupe le parti hongrois appartiendra. Selon des sources au Parlement européen, d’une part, les groupes de droite ne sont pas enclins à inviter Orban en raison de sa politique ouvertement pro-russe. D’autre part, un tel mouvement renforcerait le groupe CRE, qui mercredi est devenu le troisième groupe en termes de nombre de sièges au Parlement européen, dépassant les libéraux du groupe Renew Europe (RE), qui occupaient cette position depuis 2019. Cinq députés européens de Roumanie, trois de France et un chacun du Danemark, de Lituanie et de Bulgarie ont rejoint le CRE.
Actuellement, le CRE compte 83 eurodéputés, et RE – 81. La situation est donc assez équilibrée, mais après l’annonce vendredi par le parti de l’ancien premier ministre tchèque Andrej Babis ANO de quitter les rangs des libéraux, leur groupe perdra probablement sept députés européens de Tchéquie.
Le parti de Babis choisira probablement entre deux groupes de droite : CRE ou ID. Il semble moins probable que le PPE souhaite coopérer avec l’ANO qui se radicalise. (21.06.2024)