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Les forêts sont menacées dans le monde entier : des centaines de millions d’hectares ont été défrichés ces dernières décennies. L’Union européenne souhaite ralentir cette tendance, mais les appels à retarder l’adoption de nouvelles règles se font de plus en plus pressants.

Chaque minute, l’équivalent de dix-huit terrains de football de forêt tropicale a disparu l’année dernière, selon les données de l’Université du Maryland et du World Resources Institute (WRI).

Le monde a ainsi perdu u total de 67 000 kilomètres carrés de précieuse forêt tropicale primaire, soit plus du double de la superficie de la Belgique.

Les forêts tropicales, qui abritent les plus fortes concentrations de biodiversité, sont les biomes forestiers les plus menacés de la planète. Elles sont également des éponges à CO2, contribuant ainsi à empêcher une hausse encore plus rapide des températures mondiales.

« En 2025, les gouvernements doivent prendre des mesures audacieuses pour se mettre sur la bonne voie », a exhorté une coalition de près de 40 organisations non gouvernementales, groupes de réflexion et organismes de recherche forestière dans un document présentant des propositions politiques.

Afin de minimiser sa contribution à la déforestation mondiale et de promouvoir des pratiques plus durables auprès des entreprises opérant dans l’Union, l’UE a présenté le Règlement sur la déforestation (RDUE).

Cependant, dans le cadre d’une campagne plus large contre le Pacte vert – sa stratégie fondamentale visant à rendre l’Europe climatiquement neutre d’ici 2050 – des États membres réclament de nouveaux délais dans l’application de la loi.

Qu’est-ce que le règlement RDUE ?

L’objectif de ce règlement est d’empêcher l’entrée ou la sortie du marché européen de produits issus de l’abattage d’arbres. En vertu de cette loi, le bétail, le cacao, le café, l’huile de palme, le caoutchouc, le soja et le bois ne peuvent être vendus dans l’UE que si aucune forêt n’a été défrichée pour leur production après 2020.

Les entreprises importatrices seront tenues de surveiller leurs chaînes d’approvisionnement afin de prouver que les marchandises ne proviennent pas de zones déboisées, en s’appuyant sur la géolocalisation et les données satellitaires.

Celles qui ne respectent pas la réglementation s’exposent à de lourdes amendes représentant au moins 4 % du chiffre d’affaires annuel réalisé dans l’UE. Des analyses satellitaires et ADN seront utilisées pour vérifier l’origine des produits et le respect des règles.

Au sein des Vingt-Sept, l’Espagne, par exemple, a une « responsabilité particulière » en matière de réduction de la déforestation, car elle est le premier importateur européen de soja, selon un avertissement publié l’année dernière par l’ONG Alianza Cero Deforestación.

Les entreprises sont cependant loin de respecter cette exigence de suivi. En Allemagne, l’Action environnementale Allemagne (DUH) a constaté que sur 32 entreprises interrogées dans les secteurs de la viande, de la volaille, des produits laitiers et de l’alimentation animale – ainsi que dans la restauration collective, le commerce de gros et de détail –, seules quatre pouvaient retracer l’origine de leur soja et trois seulement de leur huile de palme jusqu’à la zone de culture d’origine.

Compte tenu de la production et de l’utilisation de ces sept matières premières, la Commission européenne a dévoilé le mois dernier son premier référentiel classant les pays en fonction du niveau de risque lié à la production de matières premières non exemptes de déforestation.

La Russie, la Biélorussie, la Corée du Nord et le Myanmar sont les quatre seuls considérés comme présentant un risque élevé de déforestation, tandis que le Brésil et l’Indonésie – souvent critiqués pour leur abattage massif de forêts tropicales – sont classés dans la catégorie de risque moyen. Cette liste a suscité l’indignation des États membres de l’UE et des groupes environnementaux.

Le ministre autrichien de l’Agriculture et des Forêts, Norbert Totschnig, a affirmé que les pays présentant un risque élevé de déforestation étaient classés comme étant à risque moyen, ajoutant que cela sapait les efforts de « pays comme l’Autriche, qui ont des lois très strictes et fonctionnent de manière durable ».

Selon les données du WRI publiées sur Statista en octobre dernier, le Brésil, la République démocratique du Congo, la Bolivie et l’Indonésie figuraient parmi les pays ayant subi les plus fortes pertes de forêts tropicales primaires en 2023, pour une surface cumulée de 2,45 millions d’hectares cette année-là.

 Land&Forst Betriebe Österreich, une association de gestionnaires fonciers, a déclaré que « la classification actuelle est incompréhensible et contredit la formulation claire du règlement. Au lieu d’une évaluation bien documentée et fondée sur des données, les considérations politiques semblent avoir joué un rôle décisif. »

Son homologue italien, Francesco Lollobrigida, a déclaré que « personne ne nie que la Biélorussie et la Russie devraient être sanctionnées », mais a jugé absurde de regrouper des pays comme l’Italie – et d’autres en Europe – avec des pays africains qui, selon lui, ont des normes réglementaires nettement inférieures.

L’organisation environnementale Global Witness a déploré que le système d’analyse comparative soit « défaillant », « des pays comme le Brésil et le Paraguay n’étant pas classés comme à haut risque », malgré la crise qui y ronge des forêts d’importance critique pour le climat ».

Pourquoi des États membres réclament-ils de nouveaux délais ?

Initialement, le règlement devait s’appliquer à partir de fin 2024. Cependant, le Parlement européen a voté en décembre un report d’un an, fixant son entrée en vigueur au 30 décembre 2025 pour les grandes entreprises et au 30 juin 2026 pour les PME.

Un groupe de 11 États membres fait désormais pression pour retarder encore davantage l’application de la loi, arguant que « les exigences imposées aux agriculteurs et aux forestiers restent élevées, voire impossibles à mettre en œuvre ». Ils critiquent également la lourdeur bureaucratique des formalités imposées.

Le document rédigé par le Luxembourg et l’Autriche et signé par neuf autres pays – la Bulgarie, la Croatie, la Finlande, l’Italie, la Lettonie, le Portugal, la Roumanie, la Slovénie et la Tchéquie – affirme que les exigences sont « disproportionnées par rapport à l’objectif du règlement, qui est de prévenir la déforestation là où elle se produit réellement ».

La Commission, sous la présidence d’Ursula von der Leyen, s’est fixé comme objectif de réduire d’environ 25 % la bureaucratie pour les entreprises. Les obligations de déclaration pour les petites et moyennes entreprises (PME) devraient diminuer de 35 %.

« Nous ne voulons pas submerger les personnes concernées en Europe de bureaucratie ; nous voulons prévenir la déforestation illégale », a déclaré le ministre autrichien de l’Agriculture avant une réunion de ses homologues à Bruxelles la semaine dernière.

Son collègue allemand, Alois Rainer, a estimé que « l’initiative de l’UE visant à freiner la déforestation mondiale est une bonne proposition, mais l’impact bureaucratique sur de nombreux pays européens est excessif », ajoutant : « c’est inutile pour nous ».

Les 11 signataires réclament la création d’une catégorie de pays présentant un risque zéro de déforestation, qui pourraient être exemptés d’obligations et de contrôles.

Le ministère slovène de l’Agriculture, des Forêts et de l’Alimentation a déclaré que son pays soutenait l’initiative visant à retarder davantage l’adoption de la loi en raison de la charge administrative excessive pesant sur les agriculteurs, les petits propriétaires forestiers, les entrepreneurs et les autorités nationales. Il a appelé à simplifier davantage la réglementation, notamment pour les pays à faible risque selon la classification de la Commission.

Pour son homologue tchèque, Marek Výborný, « bien que nous ne mettions pas en doute le problème mondial de la déforestation, ce n’est pas un problème qui concerne la République tchèque ni la majorité des pays de l’UE. Le problème est ailleurs et nous devons veiller à ce qu’il n’affecte pas nos agriculteurs, nos forestiers et nos commerçants ».

En Roumanie, l’Alliance pour l’agriculture et la coopération (AAC), composée de quatre grandes organisations, a déclaré que la loi n’apporte pas de réelles améliorations pour les agriculteurs et les propriétaires forestiers de l’Union européenne, qui ont été fréquemment présentées par les parties concernées du secteur agricole et forestier.

Wopke Hoekstra, commissaire européen au climat, s’adresse à la presse lors du sommet des Nations Unies sur le climat COP29 à Bakou, en Azerbaïdjan, en novembre 2024. (Photo : Rafiq Maqbool/AP/dpa)

La COP30 à l’horizon

La protection des forêts figure en bonne place à l’ordre du jour de la COP30, la conférence des Nations Unies sur le climat, que le Brésil accueillera en novembre dans la ville tropicale de Belém.

L’Évaluation de la Déclaration sur les forêts, une vaste coalition de groupes de militants et de chercheurs du secteur forestier, a déclaré que les dirigeants politiques devaient démontrer des progrès dans l’inversion de la tendance à la déforestation avant de se réunir dans la ville amazonienne.

L’UE participe aux négociations de la COP30 et devrait plaider en faveur d’une action mondiale plus forte en matière de déforestation et de financement climatique. Mais sa crédibilité pourrait être mise à rude épreuve, alors que les divisions internes s’accentuent et que certains États membres s’opposent à certaines dispositions des politiques du Pacte vert de l’UE.

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Vérification des faits : La production de cacao, un facteur caché de déforestation

La production de cacao, l’une des sept matières premières visées par le règlement de l’UE sur la déforestation, est affectée par l’évolution des précipitations et des sécheresses. Une affirmation diffusée par la Global Warming Policy Foundation, suggérant que le changement climatique aurait peu d’impact sur la cacaoculture en Afrique, a été jugée trompeuse par l’équipe de fact checking de l’Agence France-Presse (AFP).

Les experts avertissent également que les agriculteurs défrichent davantage de forêts pour répondre à la demande mondiale de cacao. Dans les principaux pays producteurs comme la Côte d’Ivoire et le Ghana, la cacaoculture reste un facteur majeur de déforestation.

Lire la vérification des faits complète : https://factcheck.afp.com/doc.afp.com.372Z3W6

Cet article est publié deux fois par semaine. Son contenu est basé sur les informations des agences participant à l’ENR.