Sur les réseaux sociaux, des publications diffusées en plusieurs langues accusent la ministre espagnole de la Transition écologique, Teresa Ribera, d’avoir voyagé à bord d’un jet privé, puis d’une limousine pour se rendre à une conférence sur le climat à Valladolid. Cette ville du nord-ouest de l’Espagne n’est située qu’à quelque 200 km de Madrid. Pour certains internautes, la mandataire se serait ensuite mise en scène pour parcourir les derniers mètres à vélo devant les caméras.
Mais ces allégations, largement partagées sur Facebook et Twitter, sont-elles fondées ?
Évaluation
Non, aucune preuve ne soutient ces affirmations, également démenties par la ministre de la Transition écologique et son ministère.
Faits
Le 10 juillet 2023, les ministres européens de l’Environnement et de l’Energie étaient attendus à Valladolid dans le cadre d’une réunion informelle de trois jours, organisée sous l’égide de la présidence espagnole du Conseil de l’Union européenne.
Sur la toile, les images de l’arrivée à vélo de la ministre Teresa Ribera n’ont pas manqué de susciter commentaires et railleries.
Parmi celles-ci, un compte Twitter parodique a affirmé que la socialiste s’était rendue à Valladolid à bord d’un avion gouvernemental Falcon, avant de se mettre en scène à vélo, selon le site web de fact-checking maldita.es, qui a retracé l’origine de la rumeur.
Un timing incompatible
S’appuyant sur les données du site Falcondespega.es – qui documente les vols à bord de jets privés en temps réel – le compte en question assure, capture d’écran à l’appui, qu’un vol est parti le 10 juillet à 10h57 de Torrejón de Ardoz, une commune proche de Madrid, avant de se poser à Valladolid à 11h38.
Or ce timing n’est pas compatible avec le programme de la ministre Ribera. Celle-ci est arrivée bien avant 11h38 à la réunion interministérielle, comme le prouve cette vidéo mise en ligne à 10h13 par la chaîne de radio COPE Valladolid.
Ceci est également confirmé par un cliché publié à 10h37 sur Twitter par le ministère espagnol de la Transition écologique. Soit une heure avant le prétendu atterrissage du Falcon T.18-3, portant l’indicatif LINCE03, à Valladolid.
En réalité, cet avion effectuait des manoeuvres à vide, selon l’armée de l’air espagnole, citée par le site web de fact-checking Newtral.
Une polémique amplifiée par l’extrême droite
Reste que la rumeur, une fois lancée, a largement circulé sur les réseaux sociaux, amplifiée notamment par des élus et mouvements d’extrême droite, comme le relève la presse espagnole ici ou encore ici.
Sur Twitter, Teresa Ribera a tenu à mettre les points sur les i. « Je suis allée à Valladolid en voiture hybride, et à vélo de l’hôtel jusqu’à la réunion interministérielle de l’UE », a-t-elle affirmé dans une publication le 12 juillet.
Peu avant, le ministère de la Transition écologique avait également démenti une « fausse information diffusée par des responsables publics avec une mauvaise foi manifeste ». Selon l’institution, la ministre « ne s’est pas déplacée en avion ». Il n’est pas non plus question de limousine.
Aucune preuve ne soutient donc l’affirmation selon laquelle la ministre Ribera se serait rendue en jet privé, puis en limousine à Valladolid.
Liens
Publications Facebook I, II, III, IV (versions archivées I, II, III, IV – vidéo archivée)
Publication Twitter (version archivée)
Localisation de Valladolid (version archivée)
A propos de la réunion ministérielle à Valladolid (version archivée)
A propos de Teresa Ribera (version archivée)
Publication Twitter à l’origine de la fausse information (version archivée)
Fact-check – Maldita.es (version archivée)
A propos du Falcon – Falcondespega.es (version archivée)
Tweet de COPE Valladolid (version archivée – vidéo archivée)
Cliché du ministère de la Transition écologique (version archivée)
A propos des manoeuvres à vide du Falcon – Newtral (version archivée)
Tweet de Juan Garcia Gallardo (Vox) (version archivée)
Tweet de Solidaridad (version archivée)
A propos de l’amplification par l’extrême droite I, II (versions archivées I, II)
Tweet de la ministre Ribera (version archivée)
Tweet du ministère de la Transition écologique (version archivée)
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