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Malgré l’entrée en vigueur de la loi européenne sur la liberté des médias (EMFA) et l’adoption de la directive européenne anti-SLAPP (acronyme de poursuite-bâillon en anglais), les lacunes dans la mise en œuvre des textes et les vides juridiques continuent de fragiliser les journalistes, en particulier les indépendants et ceux qui travaillent dans des environnements à haut risque, déclare Maja Sever, présidente de la FEJ.

« Nous saluons l’entrée en vigueur de la loi européenne sur la liberté des médias (EMFA), mais l’expérience de nos affiliés à travers l’Europe montre que sa mise en œuvre concrète se heurte à de sérieux obstacles. Notre suivi révèle des lacunes persistantes : des régulateurs dépourvus de véritable indépendance et de ressources, et une influence politique continue sur les médias de service public », explique Maja Sever à European Newsroom (ENR). Elle souligne que la FEJ a fait valoir ces arguments lors d’une récente réunion avec le commissaire européen chargé de la Démocratie, de la Justice et de l’État de droit, Michael McGrath.

L’EMFA, entrée en vigueur en août 2025, a été saluée comme un règlement historique visant à protéger le pluralisme des médias, l’indépendance éditoriale et la transparence dans l’ensemble de l’UE. Cependant, sa mise en œuvre concrète est hésitante, déplorent des organisations de défense des journalistes comme Reporters sans frontières. Certains États membres ont retardé ou résisté à l’harmonisation de leurs législations nationales avec les exigences de l’EMFA, notamment en ce qui concerne l’indépendance des médias de service public et la protection des sources journalistiques.

Dans certains cas, au contraire, les États modifient leur législation pour renforcer le contrôle politique sur les médias. La Hongrie, par exemple, a contesté le fondement juridique de l’EMFA devant la Cour de justice de l’Union européenne.

Selon Sever, les principaux défis au niveau national résidaient dans le manque de volonté politique, la faiblesse des capacités réglementaires, le manque de clarté du mécanisme de sanctions, ainsi que les menaces et la surveillance numériques.

« Nous pensons que la Commission européenne doit définir des conséquences claires pour les États membres qui ne mettent pas pleinement et véritablement en œuvre l’EMFA, notamment des sanctions financières et procédurales, et établir un plan opérationnel assorti d’échéanciers, d’indicateurs mesurables et d’une échelle de mesures progressive. »

La FEJ et sa présidente, Maja Sever (à gauche), rencontrent le commissaire européen Michael McGrath (à droite). (Photo : FEJ)

Les poursuites stratégiques contre la participation publique (SLAPP) sont de plus en plus utilisées pour intimider et réduire au silence les journalistes, les défenseurs des droits humains et les organismes de surveillance publique à travers l’Europe.

Parmi les affaires de SLAPP les plus marquantes de ces dernières années, on peut citer le procès en diffamation intenté par Gaz System contre des journalistes polonais, l’affaire très médiatisée Realtid en Suède et le harcèlement de journalistes à Malte à la suite de l’assassinat de Daphne Caruana Galizia.

La FEJ et la Confédération européenne des syndicats (CES) appellent à étendre les protections anti-SLAPP à tous les cas, et pas seulement aux cas transfrontaliers, à mettre en place des systèmes efficaces de classement sans suite anticipé, à durcir les sanctions pour les plaignants abusifs et à créer des fonds de soutien juridique et financier dédiés aux journalistes, en particulier indépendants. « Si nous saluons l’adoption de la directive européenne anti-SLAPP, nous estimons que les mécanismes existants restent insuffisants. Actuellement, la protection s’applique principalement aux affaires transfrontalières, tandis que la plupart des poursuites abusives sont purement nationales et échappent au champ d’application de la directive. »

Sever ajoute qu’il est important de former les juges et les avocats à reconnaître les poursuites-bâillons et à protéger le journalisme dans l’intérêt public. Sans un cadre législatif plus solide et des mécanismes de soutien concrets, les journalistes restent exposés, prévient-elle. « Nous exhortons donc l’UE et les États membres à faire de la politique anti-SLAPP une priorité et à veiller à ce que le harcèlement juridique visant à réduire au silence le journalisme d’investigation cesse définitivement. »

Un soutien accru aux journalistes est nécessaire dans le contexte instable actuel.

« Notre expérience montre clairement que les pigistes et les journalistes travaillant dans des environnements à haut risque sont les plus vulnérables », insiste Sever. Si certains médias et syndicats sont bien équipés pour apporter un soutien, d’importantes lacunes subsistent, notamment en ce qui concerne le reportage transfrontalier et les journalistes travaillant dans des zones de conflit, qui dépassent les capacités des syndicats nationaux.

« En tant que FEJ et CES, nous soulignons qu’un journalisme de qualité ne peut survivre sans conditions de travail décentes, formation continue et soutien systémique à la sécurité. Nous appelons donc à des mécanismes de financement à long terme pour la sécurité et la résilience des médias, à des programmes nationaux de sécurité incluant les acteurs des médias, ainsi qu’à des mécanismes de sécurité numérique et d’assistance psychologique. »

Cet article est une Key Story de l’ENR. Le contenu est basé sur des informations publiées par des agences participant à l’ENR.