La tête de liste du camp centriste du président Emmanuel Macron aux élections au Parlement européen de juin prochain, Valérie Hayer, a exclu une future coalition européenne qui pourrait inclure les partis du groupe des Conservateurs et réformistes (ECR), tels que Fratelli d’Italia de Giorgia Meloni et le parti espagnol de droite Vox.
Dans une interview accordée mercredi à European Newsroom, Mme Hayer a insisté sur le fait que pour son groupe, il était impensable de s’asseoir à la table des négociations avec l’ECR, qu’elle a qualifié d’extrême droite dans son ensemble. Elle a inclus dans cette évaluation la Première ministre italienne Giorgia Meloni elle-même à titre personnel.
Valérie Hayer est en première ligne des appels à inclure le droit à l’avortement dans la Charte des droits fondamentaux de l’UE. Elle dénonce notamment l’accord du Parlement italien pour que des associations militantes anti-avortement interviennent dans les cliniques afin de convaincre les femmes de renoncer à l’IVG. Le Parlement italien a adopté « un amendement pour autoriser les associations militantes anti-IVG à intervenir dans les cliniques qui la pratiquent pour dissuader les femmes d’y avoir recours. (…) Un accord de coalition avec l’ECR, qui compte Fratelli d’Italia, qui compte (demain) Reconquête d’Eric Zemmour, (…), est donc hors de question », a déclaré la candidate libérale.
« Je suis très confiante pour la position de Renew dans le prochain Parlement européen », a déclaré la femme politique française de 38 ans, proche collaboratrice du président Macron.
Tournant à droite aux européennes ?
Valérie Hayer, qui préside également le groupe Renew au Parlement européen, a prévenu que les ultraconservateurs et l’extrême droite seraient en mesure de gagner assez de sièges le 9 juin pour former une minorité de blocage au Parlement européen.
« Ce que je dis aux électeurs partout en Europe, c’est attention à la tentation de l’extrême droite parce que l’extrême droite veut détricoter l’Europe, défaire le projet européen. (…)Ça voudrait dire le repli sur soi, la perte de compétitivité, la perte d’emplois. Ça aurait voulu dire, sur le mandat qu’on a passé, probablement pas de plan de relance qui a bénéficié à l’ensemble de nos entreprises et à l’ensemble de nos citoyens partout en Europe », a déclaré Hayer.
Lorsqu’on lui a demandé si elle étendait cet avertissement à son homologue du Parti populaire européen au Parlement européen, après que le PPE avait cherché à plusieurs reprises des soutiens à sa droite pour contrecarrer une majorité plus progressiste, Mme Hayer a déclaré qu’elle avait « confiance » dans la volonté du Parti populaire européen de continuer à œuvrer en faveur d’une coalition pro-européenne. Cela a été dit au président du PPE Manfred Weber lui-même.
« C’est dans notre ADN, le combat contre les extrêmes », a souligné la femme politique française, qui se dit « confiante » dans le fait que le groupe Renew Europe continuera à être capable d’obtenir des majorités lors de la prochaine législature. Elle a prévenu que Renew ne signerait aucun « chèque en blanc » en ce qui concerne le soutien au futur candidat à la tête de la Commission européenne.
L’objectif du groupe, a-t-elle déclaré, sera « de revenir les plus nombreux possibles au Parlement européen pour peser de la meilleure des manières » sur ses orientations et garantir que le programme de travail de la future Commission se concentre sur ses priorités : améliorer l’autonomie stratégique de la Commission européenne, défendre la compétitivité et soutenir les valeurs démocratiques libérales.
L’Europe a besoin d’une « autonomie stratégique »
« Le risque géopolitique, le risque d’un retour de Trump est une réalité. Il faut qu’on puisse se donner les moyens de décider par nous mêmes, en Européens, au niveau de l’Union européenne, de construire cette autonomie stratégique pour ne plus dépendre d’autres puissances. Les autres puissances, ça veut dire évidemment ne plus dépendre de la Russie, on l’a vu avec notre approvisionnement énergétique, on dépendait de la Russie. On est sortis de cette dépendance. [ça veut dire] ne plus dépendre de l’Asie pour notre approvisionnement en batteries en plus, ne plus dépendre des Etats-Unis pour notre défense commune », a souligné l’eurodéputée.
Un autre des défis de la prochaine législature sera pour elle de construire la prochaine phase du Green Deal européen après avoir concentré les cinq dernières années sur sa conception. « Maintenant, ces législations, il faut les mettre en œuvre en s’assurant que personne ne restera sur le bord de la route, ça veut dire accompagner et donner les opportunités à nos entreprises », a-t-elle expliqué.
« Et pour ça, simplification, accélération des +process+, donc faciliter la vie des entreprises qui veulent avoir des projets pour développer l’éolien, le photovoltaïque ou les batteries électriques. Donc mise en œuvre, mise en œuvre, mise en œuvre » et ce « pour que la transition environnementale soit une réalité et qu’on atteigne la neutralité climatique d’ici à 2050 en embarquant l’ensemble des secteurs. »
L’élargissement de l’UE dans les Balkans occidentaux
Evoquant l’élargissement de l’UE, Valérie Hayer a déclaré que de nombreux progrès ont été réalisés récemment dans ce domaine en raison de la situation en Ukraine.
Elle a souligné que la règle sur laquelle repose le processus d’adhésion à l’Union européenne s’applique à la fois à l’Ukraine et aux Balkans occidentaux. Il est également important que l’UE mette en œuvre des réformes afin de pouvoir fonctionner après l’élargissement.
« Nous-mêmes, Européens, nous devons engager des réformes pour être plus efficaces dans nos processus de décision », a déclaré la femme politique française.
Elle a averti que la présence et l’influence de la Russie et de la Chine sont visibles dans les Balkans occidentaux et que l’élargissement est également un « outil géopolitique ».
Aux côtés de Valérie Hayer, les principaux candidats libéraux sont l’Allemande Marie-Agnès Strack-Zimmermann et l’Italien Sandro Gozi. Le groupe libéral Renew au Parlement européen se compose en réalité de trois partis : l’Alliance des Démocrates et des Libéraux pour l’Europe (ALDE), Renaissance du président français Emmanuel Macron et le Parti Démocrate Européen (PDE), auquel appartiennent également les Électeurs Libres.
Les élections européennes auront lieu du 6 au 9 juin 2024.
Cet article est publié chaque semaine. Le contenu est basé sur les informations des agences participant à l’ENR.