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En début de semaine, l’UE a officiellement lancé une mission de formation pour les troupes ukrainiennes, la « mission militaire de soutien à l’Ukraine » (EUMAM Ukraine). La décision de principe de mettre en place cette mission de formation avait été prise dès le 17 octobre par les ministres des Affaires étrangères. La Hongrie est le seul pays à ne pas avoir voté en faveur de cette décision, faisant usage de la possibilité d’une abstention constructive. Cela signifie que le pays ne participe pas à la mission et ne la finance pas. L’Autriche avait déjà déclaré soutenir la mission, mais ne prévoit pas d’y participer activement.

Il s’agit de la plus grande mission de formation militaire de l’UE à ce jour. Elle doit dans un premier temps préparer au combat 15 000 soldats ukrainiens. Elle est prévue pour une durée initiale de deux ans et devrait coûter environ 60 millions d’euros par an. L’argent provient de la Facilité européenne pour la paix, un fonds déjà fortement sollicité puisqu’il sert également à financer les livraisons d’armes des membres de l’UE à l’Ukraine. La mission est menée par une vingtaine d’États membres.

Quartiers généraux de la mission en Pologne et en Allemagne

Le quartier général de la mission sera établi en Pologne, pays de l’UE voisin de l’Ukraine, tandis qu’un quartier général secondaire devrait être établi en Allemagne. La ministre allemande de la Défense, Christine Lambrecht, a déclaré lors d’une réunion avec ses homologues de l’UE à Bruxelles que Berlin prévoyait de former 5 000 Ukrainiens aux « compétences les plus diverses » d’ici juin prochain.

La Slovénie participera à cette mission européenne de formation des troupes ukrainiennes en envoyant plusieurs dizaines d’instructeurs en Allemagne, a annoncé mardi à Bruxelles le secrétaire d’État du ministère de la Défense, Damir Črnčec. Il a précisé que cette proposition devait encore être confirmée par le gouvernement. Le ministère discute actuellement en interne de la forme que pourrait prendre la participation de la Slovénie et des compétences spécifiques des forces armées slovènes qui pourraient être employées. Le type d’experts que la Slovénie enverra dépendra également des besoins de l’armée ukrainienne, a déclaré Črnčec. Pour l’instant, il n’y a toutefois aucun projet de formation de soldats ukrainiens en Slovénie.

La participation d’autres pays

La ministre espagnole de la Défense, Margarita Robles, a annoncé lors du Conseil de mardi que l’Espagne pourrait former 2 400 soldats ukrainiens par an dans le cadre de cette mission. Elle a rappelé que l’Espagne avait déjà formé individuellement plus d’une centaine de membres des forces armées ukrainiennes à Saragosse, Almería, Tolède et Madrid.

« L’Espagne a toujours été un allié, a participé à toutes les missions de l’Union européenne, et nous sommes conscients que cette mission est importante pour aider l’Ukraine », a déclaré Robles à Bruxelles.

La ministre belge de la Défense, Ludivine Dedonder, a annoncé que son pays mettrait 50 à 100 soldats à la disposition de la mission. L’armée belge est spécialisée dans le déminage terrestre et maritime, et se dit prête à transmettre ce savoir-faire. Le mois dernier, le gouvernement avait déjà décidé d’inviter des soldats ukrainiens en Belgique en 2023 afin de leur apprendre le maniement de nouveaux dispositifs d’élimination d’explosifs. En fonction des besoins et des souhaits exprimés par Kiev, le pays serait également prêt à proposer d’autres types de formation, par exemple l’entraînement au combat et l’appui-feu, la communication et la traumatologie sur le champ de bataille.

Dans le cadre de l’EUMAM Ukraine, la Bulgarie formera à Sofia quatre unités d’infirmières militaires et de personnel médical ukrainien 60 personnes au total. Le pays espère pouvoir adopter dès la semaine prochaine une décision parlementaire sur l’assistance en équipement militaire.

Lors de la réunion des ministres des Affaires étrangères, le ministre roumain des Affaires étrangères Bogdan Aurescu a souligné la nécessité de poursuivre le soutien de l’UE à l’Ukraine à tous les niveaux – politique, financier, militaire et économique. Il a salué le lancement et l’opérationnalisation rapide de l’EUMAM Ukraine ainsi que l’adoption de mesures d’aide par la Facilité européenne pour la paix. Il a aussi indiqué que la Roumanie continuerait à apporter un soutien multidimensionnel à l’Ukraine et a rappelé les efforts de la Roumanie pour faciliter l’exportation de céréales et d’autres produits ukrainiens via les ports maritimes roumains.

En Croatie, une situation confuse

Le gouvernement croate souhaite participer à la mission de formation de soldats ukrainiens, mais il n’est pas certain que cela aboutisse. En effet, le président croate Zoran Milanović, qui est aussi le chef des armées, rejette cette idée. En tant que commandant en chef des forces armées, le président peut bloquer la décision du gouvernement. Son opposition peut être mise en échec par une majorité des deux tiers au Parlement. Après avoir réitéré son refus le 15 novembre, Milanović a déclaré : « Laissez le Parlement débattre de la question, si deux tiers des députés prennent une décision en ce sens, je l’accepterai. »

Le gouvernement croate accuse Milanović d’avoir des vues pro-russes ; lui-même estime en revanche que la participation de son pays à l’EUMAM Ukraine impliquerait d’une certaine manière la Croatie dans la guerre. Le président Milanović accuse le gouvernement et les ministres de tenter de court-circuiter ses prises de décision en matière de politique étrangère et de défense.

Mardi, à l’issue de la réunion ministérielle, le ministre de la Défense Mario Banožić a refusé d’évoquer la participation de la Croatie : « Je ne peux pas me prononcer sur les modules tant qu’ils ne seront pas passés par les organes de coordination, notamment le gouvernement. Ces modules ont été proposés par l’armée croate sur la base de son expérience dans des missions et opérations antérieures. » Quant à savoir si les soldats ukrainiens seraient formés en Croatie ou dans un autre pays membre de l’UE dans le cas où la décision serait approuvée, Banožić a déclaré que les deux modules avaient été proposés.

Acquisition commune d’armes

Les ministres de la Défense ont également discuté de l’acquisition commune d’armes. Le ministre croate Banožić a salué les efforts fournis jusqu’à présent par le groupe de travail en matière de potentiel de coopération et de possibilité d’un achat commun. La Belgique est elle aussi favorable à l’acquisition conjointe au sein de l’UE et a déjà acheté des armes en collaboration avec ses voisins, le Luxembourg et les Pays-Bas. Après la réunion, le représentant de l’UE pour les Affaires étrangères, Josep Borrell, a déclaré que les besoins avaient été identifiés et que l’UE allait maintenant s’adresser à l’industrie.

Avant la réunion, Borrell avait mis en garde contre une course au réapprovisionnement des stocks épuisés sur le continent après que tant d’armes eurent été livrées à l’Ukraine l’année dernière.

« L’important, c’est que nous travaillions ensemble pour éviter le clivage du marché et la concurrence », a déclaré Borrell à Bruxelles. Il faut éviter une situation telle que celle qui s’est produite lors de la pandémie de Covid-19, lorsque les États membres de l’UE se sont précipités pour acheter des vaccins pour leurs propres pays, a-t-il dit.

« Tous ensemble, tous ensemble nous obtiendrons de meilleurs prix, une meilleure qualité et de meilleurs délais », a-t-il déclaré.

Selon Bruxelles, l’Union européenne a fourni à l’Ukraine des armes et des équipements militaires pour une valeur totale de 8 milliards d’euros, en comptant les livraisons des différents États membres. Cela correspond à environ 45 pourcent de la valeur des armes livrées par les États-Unis.

Cette rubrique paraît le vendredi. Le contenu est basé sur les informations des agences participant à l’enr.