Oliver Röpke, président du Comité économique et social européen (CESE), met en garde contre les dangers que représentent la désinformation et l’intelligence artificielle (IA) pour la démocratie et la société civile dans l’Union européenne.
S’adressant à la rédaction de l’European Newsroom (enr), M. Röpke souligne la nécessité cruciale de cadres réglementaires tels que la loi sur les services numériques (DSA) et la loi sur l’IA pour garantir à la fois la protection des valeurs démocratiques et l’utilisation éthique des technologies.
Que ce soit avec des soutiens d’Etats étrangers ou à l’échelle nationale, des protagonistes représentent une menace importante pour la démocratie en propageant de la désinformation, prévient-il. « Nous savons qu’ils diffusent de manière coordonnée de la désinformation et de la mésinformation au sein de nos pays, dans l’Union européenne, mais ils travaillent souvent main dans la main avec des acteurs nationaux. »
Il note que ces campagnes visent souvent des groupes vulnérables, comme les minorités et les femmes, sapant ainsi la confiance dans les institutions et les valeurs démocratiques. La désinformation est ensuite combinée à des attaques contre « les minorités sexuelles ou, par exemple, les communautés roms », ajoute-t-il.
« Je pense qu’en ces temps troublés, il est plus important que jamais de défendre nos valeurs démocratiques et de les soutenir. »
Oliver Röpke, président du CESE
Le Comité économique et social européen a lancé des initiatives telles que « Les citoyens peuvent vaincre la désinformation » pour donner plus de pouvoir à la société civile et lutter contre ces pratiques néfastes.
M. Röpke souligne que l’instance prévoit d’approuver la feuille de route de la Commission pour les droits des femmes. Le CESE est un organe consultatif auprès de la Commission, du Conseil et du Parlement. Ses 329 membres représentent les employeurs, les travailleurs et les organisations de la société civile.

Responsabiliser les géants de la tech
Parallèlement, il insiste sur l’importance de responsabiliser les géants de la technologie en vertu de la loi sur les services numériques (DSA), qui fournit un cadre légal pour lutter contre les faux contenus sur les plateformes de médias sociaux. « Je pense qu’il ne s’agit pas de censurer les opinions. Au contraire, il s’agit de garantir un débat libre, fondé sur des faits et sur des protagonistes bien informés. »
« Nous devons la faire respecter et veiller à ce que les géants de la technologie fassent partie des défenseurs de nos démocraties et de nos valeurs démocratiques », affirme-t-il.
Le président du CESE appelle l’Europe à former ses propres « champions » porteurs de valeurs européennes dans le secteur technologique – en particulier l’IA – afin de réduire sa dépendance à l’égard de quelques grands acteurs extérieurs à l’Union.
Il pointe le double rôle de l’IA, la décrivant comme un outil puissant pour détecter la désinformation (par exemple, identifier les deep fakes) tout en reconnaissant son potentiel pour la création de tels contenus. Il soutient la loi sur l’IA et le Règlement général sur la protection des données (RGPD) comme des premières étapes nécessaires, mais appelle à des efforts réglementaires supplémentaires pour combler les lacunes et garantir une gouvernance éthique de l’IA. Le texte, adopté en 2024, établit des règles basées sur les risques à quatre niveaux pour les développeurs et les fournisseurs d’IA.
« Nous devons créer un environnement réglementaire ouvert et convivial aux technologies, tout en insistant sur certaines règles », a insisté M. Röpke. « De manière générale, la clé réside dans la gouvernance de l’IA », déclare-t-il.
Répondant aux inquiétudes des travailleurs concernant l’utilisation croissante de l’intelligence artificielle, il plaide en faveur de programmes de reconversion et de perfectionnement afin de préparer les employés à des environnements de travail axés sur l’IA. Il relève l’importance du principe de « l’humain aux commandes », garantissant que les décisions critiques affectant les personnes restent in fine entre les mains de l’homme. Employeurs, travailleurs et syndicats doivent collaborer pour renforcer la confiance dans l’adoption de l’IA. « Les inquiétudes sont là, elles sont légitimes et nous devons les prendre au sérieux. »
Cet article est publié deux fois par semaine. Le contenu est basé sur les informations des agences participant à l’ENR.