L’EMA continue de déconseiller l’ivermectine contre le Covid-19

L’ivermectine aurait finalement été reconnue comme médicament efficace dans la prévention et le traitement du Covid-19. La découverte aurait été effectuée par des chercheurs de l’Institut Pasteur, en France, affirme une internaute sur Facebook. « Une grande victoire », se réjouit cette dernière. Mais est-ce bien là les conclusions tirées par l’institut de recherche ? Et qu’en est-il des recommandations formulées au sein de l’UE ?

Évaluation

L’Institut Pasteur n’a jamais établi l’efficacité de l’ivermectine chez les humains, a-t-il déclaré à la Deutsche Presse-Agentur (dpa). En outre, les différentes recherches effectuées dans ce domaine n’ont pas permis de démontrer que l’ivermectine était efficace contre le Covid-19. L’Agence européenne des médicaments (EMA) déconseille toujours son utilisation dans ce cadre.

Faits

Depuis le début de la pandémie de Covid-19, certains se plaisent à présenter l’ivermectine comme un traitement efficace contre la maladie, sans pour autant se baser sur des faits. Encore aujourd’hui, L’Organisation mondiale de la Santé (OMS) met en garde contre un tel usage.

C’est aussi le cas de l’EMA, qui avait publié des recommandations à ce sujet en mars 2021. L’agence avait à l’époque conclu que les données disponibles ne permettaient pas de soutenir une telle utilisation du médicament, autorisé dans l’Union europénne pour un usage humain et vétérinaire contre certaines maladies parasitaires. Contactée par la dpa, l’EMA a confirmé le 22 août 2023 que ses recommandations restaient inchangées.

Une recherche sur des animaux

Quant aux affirmations concernant l’Institut Pasteur, il s’agit d’une vieille fake news. Cette fondation dédiée à la recherche n’a publié qu’une seule étude au sujet de l’ivermectine et du Covid-19, en juillet 2021. Il n’y a eu aucune autre étude à ce sujet depuis, a confirmé son service de presse dans un e-mail à la dpa le 24 août 2023.

De plus, l’étude de 2021 ne prouve pas que l’ivermectine, un médicament utilisé contre certaines maladies parasitaires, est efficace contre le Covid-19 chez les humains. « L’Institut Pasteur n’a jamais évalué (et encore moins confirmé) l’efficacité de l’ivermectine chez l’Homme comme traitement contre la Covid-19 », a-t-il souligné.

L’étude en question est une étude pré-clinique, c’est-à-dire une première phase de recherche conduite sur des animaux. Les chercheurs ont conclu que l’ivermectine pouvait atténuer certains symptômes du Covid-19 chez l’animal. Ces données ne concernent donc pas les humains.

« Pour confirmer ou infirmer cet effet chez l’Homme, il est essentiel de mener des essais cliniques et de se référer aux résultats de ces essais cliniques uniquement. En effet, une étude pré-clinique n’est pas suffisante pour envisager un usage médical », a indiqué l’Institut Pasteur à la dpa.

Cette étude avait déjà fait l’objet d’interprétations erronées à l’époque de sa publication, et est depuis régulièrement utilisée par les défenseurs de l’ivermectine comme traitement contre le Covid-19.

Des résultats non probants

A ce jour, les nombreuses recherches effectuées au sujet de l’ivermectine – qui continue d’alimenter les spéculations – comme potentiel traitement contre le Covid-19 ne se sont pas avérées concluantes.

Il appartient toutefois à chaque pays de l’UE de mettre en place sa propre politique sanitaire. Au plus fort de la pandémie en 2021, la Slovaquie avait ainsi donné son feu fert à l’utilisation de l’ivermectine dans la prévention et le traitement du Covid-19. La République tchèque, un autre Etat membre de l’UE, avait quant à elle autorisé les professionnels de la santé à prescrire le médicament pour un tel usage s’ils le souhaitaient. Il n’a cependant pas été prouvé que cette politique ait eu une influence positive sur le nombre de contaminations recensées dans les deux pays.