Les chiffres de l’Eurobaromètre de printemps, publiés mardi exactement un an avant les élections européennes de 2024, témoignent d’un intérêt et d’une sensibilisation accrus pour ces élections ainsi que pour l’impact qu’exerce l’Union européenne sur la vie quotidienne. Les prochaines élections européennes interviendront du 6 au 9 juin 2024, au terme de l’actuel mandat de cinq ans.
Ce regain d’intérêt est probablement lié à la visibilité accrue dont a bénéficié l’UE ces dernières années. Il s’inscrit en effet dans le contexte de différentes crises, dont la pandémie Covid-19 et la guerre de la Russie contre l’Ukraine, a déclaré le porte-parole du Parlement européen et directeur général de la communication, Jaume Duch Guillot.
La présidente du Parlement européen, Roberta Metsola, a souligné l’importance des élections européennes en commentant les résultats de l’Eurobaromètre par message vidéo, lors d’une conférence de presse organisée par European Newsroom (enr) à Bruxelles. Elle a déclaré que la participation aux élections était l’occasion de s’engager sur toutes les questions qui préoccupent les citoyens de l’UE. Elle a appelé « chacun, en particulier les jeunes » à aller voter et à « façonner ainsi l’Union dans laquelle ils veulent vivre ».
Selon Jaume Duch Guillot, les jeunes Européens doivent absolument réaliser que les élections européennes de 2024 influenceront l’UE pour la prochaine décennie et auront un impact décisif sur leur vie.
Les électeurs sont-ils prêts à voter ?
67 % des Européens interrogés ont déclaré qu’ils participeraient probablement aux élections au Parlement européen si elles avaient lieu la semaine prochaine. À la veille des dernières élections de 2019, 58 % d’entre eux se disaient intéressés par le scrutin. Le taux de participation réel était de l’ordre de 51 %. La volonté de voter est variable en Europe :
En Belgique, où le vote est obligatoire, 73 % des personnes interrogées ont déclaré avoir l’intention de voter. Au total, 58 % des électeurs slovènes ont déclaré qu’ils participeraient probablement aux élections européennes si elles avaient lieu cette semaine, soit neuf points de moins que la moyenne européenne. Un peu plus de la moitié des électeurs croates (53 %) ont déclaré qu’ils voteraient probablement si les élections européennes avaient lieu la semaine prochaine. Seule la République tchèque a enregistré un score inférieur à celui de la Croatie, où 50 % des citoyens ont déclaré qu’ils iraient probablement voter.
Selon le sondage, 64 % des Italiens voteraient probablement, quel que soit le jour auquel les élections européennes auraient lieu. Ce chiffre est légèrement inférieur à la moyenne de l’UE. L’Italie est l’un des pays où l’intérêt pour la politique européenne a le plus augmenté depuis la guerre en Ukraine et la pandémie : de 47 % en 2018 à 58 % aujourd’hui. Le pays se situe ainsi au-dessus de la moyenne européenne de 56 %.
Lorsqu’on leur a demande ce qui les motive à voter aux élections européennes, la plupart des personnes interrogées évoquent le « devoir civique » de voter, l’habitude de participer aux élections et le désir de soutenir un parti politique. Ces trois facteurs priment sur le désir de « changer les choses », le soutien à un candidat en particulier ou le soutien à l’UE.
En revanche, parmi les raisons qui expliquent que le taux de participation aux élections européennes soit plus faible que pour d’autres élections au niveau national, le sondage révèle la conviction que voter ne changera rien, le manque d’intérêt pour la politique en général et la méfiance à l’endroit de la politique. En outre, la conviction que ce qui se passe au Parlement européen « ne les concerne pas » est un facteur pour de nombreuses personnes. Par exemple, la majorité des Bulgares (57 %) ne s’intéressent pas aux élections européennes qui auront lieu en juin 2024.
La Slovaquie a toujours eu le taux de participation le plus bas lors des précédentes élections au Parlement européen. Même si l’intérêt des Slovaques pour les élections au Parlement européen a augmenté depuis le dernier vote – le sondage indique que 26 % des Slovaques sont intéressés à voter lors des élections de 2024 – la Slovaquie se trouve donc à nouveau en dernière position en termes de participation électorale.
Interrogé sur ce que les Slovaques doivent faire pour inverser cette tendance défavorable, Duch Guillot a déclaré qu’une « solution nationale » repose principalement entre les mains des hommes politiques, du gouvernement, du parlement et des médias. « Les gens accordent toujours le plus leur confiance aux médias ou à une partie d’entre eux. Ils devraient tirer les leçons des quatre ou cinq dernières années, au cours desquelles l’action de l’UE dans différentes crises a eu un impact évident sur la vie quotidienne des gens », a-t-il déclaré.
Le soutien à l’Ukraine favorise des chiffres plus élevés
L’UE a été confrontée aux conséquences du Brexit, à la crise du coronavirus, à la nécessité de vacciner et à la reprise économique après la pandémie, a déclaré M. Duch Guillot. Actuellement, elle resserre ses rangs face à l’agression russe contre l’Ukraine, a-t-il ajouté.
Tous ces éléments montrent que l’UE prend une plus grande place pour les gens aujourd’hui qu’il y a cinq ans. Ce constat s’accompagne de l’importance accrue du Parlement européen et de ses membres et donne à penser que cette tendance devrait se poursuivre », a-t-il déclaré.
Les personnes interrogées sont plus nombreuses à être favorables au soutien de l’UE à l’Ukraine. Cette opinion est partagée par en moyenne 76 % de personnes dans l’ensemble de l’Union. Les taux d’approbation variaient toutefois d’un État membre à l’autre. En Suède, 97 % des personnes interrogées se sont prononcées en faveur de l’aide de l’UE à l’Ukraine, contre 51 % en Slovaquie et 68 % en Allemagne. 61 % des Italiens ont évalué positivement l’aide de l’UE à l’Ukraine. En Bulgarie, le soutien à l’Ukraine était de 54 % et le rejet de 39 %.
La crise liée au coût de la vie pèse sur la satisfaction
Un an avant l’élection du nouveau Parlement européen, la crise en lien avec le coût de la vie préoccupe les électeurs européens. La moitié des 26 376 personnes interrogées dans les 27 pays de l’UE pour le sondage Eurobaromètre « constatent une baisse de leur propre niveau de vie et s’attendent à ce que cette tendance se poursuive », selon les résultats.
« Tout cela pèse en effet lourdement sur les gens », a reconnu Philipp Schulmeister, directeur de campagne et ancien chef de l’unité des études d’opinion du Parlement européen. « Les citoyens voient très vite combien il leur reste dans leur porte-monnaie à la fin du mois », a-t-il ajouté.
Les chiffres ont montré que 81 % des personnes interrogées en Bulgarie n’étaient pas satisfaites des mesures nationales prises pour lutter contre la hausse du coût de la vie. Plus de la moitié (61 %) des Bulgares ont déclaré être insatisfaits des mesures prises au niveau européen.
En France, 74 % étaient mécontents de la manière dont leur gouvernement gère la crise en lien avec le coût de la vie, contre 59 % en Allemagne. En Belgique, 54 % des personnes interrogées étaient insatisfaites des mesures prises par leur gouvernement pour maîtriser la cherté de la vie. 55 % des Belges étaient insatisfaits de la réponse apportée par l’UE à la crise. En Croatie, 38 % des personnes interrogées ont déclaré être satisfaites du fonctionnement de l’UE, tandis que 48 % étaient insatisfaites.
En Espagne, 66 % des personnes interrogées – un chiffre seulement dépassée par 76 % à Chypre et représentant la même proportion qu’en Grèce – ont déclaré que leur niveau de vie s’était déjà dégradé ou qu’il allait se dégrader dans l’année à venir.
Les chiffres reflètent toutefois un « optimisme » quant à « la capacité de l’Union européenne à faire quelque chose », a souligné Schulmeister. Il ne s’agit pas de dire que tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes, mais c’est une question d’attentes et aussi de confiance acquise », a-t-il dit. 64 % des Européens ont indiqué qu’ils avaient le sentiment que les choses évoluaient « dans le bon sens » dans leur vie. En Espagne, par exemple, 69 % des personnes interrogées partagent cet optimisme.
Duch Guillot : Les résultats du sondage ne sont pas influencés par le « Qatargate ».
Duch Guillot a déclaré que le sondage n’indiquait pas de la part des électeurs européens une perte de confiance dans les institutions européennes suite au scandale des pots-de-vin au Parlement européen, connu sous le nom de « qatargate ».
Plusieurs députés et collaborateurs parlementaires ont été arrêtés dans le cadre d’une enquête belge sur la corruption présumée d’eurodéputés visant à favoriser les intérêts du Qatar et du Maroc. Les deux pays nient toute malversation.
60 % des personnes interrogées ont néanmoins déclaré qu’elles n’étaient pas satisfaites de la lutte contre la corruption dans l’UE. Parmi elles, 22 % ne sont « pas du tout satisfaites ». Plus de la moitié des Bulgares – 53°% – ont déclaré qu’ils n’étaient pas satisfaits de la lutte contre la désinformation et 60 % des efforts contre la corruption. Seuls 22 % des sondés slovènes sont satisfaits de la lutte contre la corruption, soit 13 points de moins que la moyenne européenne.
Cette rubrique paraît le vendredi. Le contenu est basé sur les informations des agences participant à l’enr.