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À la suite de l’accord de paix entre Israël et le Hamas négocié sous l’égide des États-Unis, les Vingt-Sept subissent une pression croissante pour redéfinir leur rôle au Moyen-Orient. La Commission et le Parlement européens ont manifesté leur volonté de passer du statut de fournisseur d’aide humanitaire à celui d’acteur politique plus impliqué dans la reconstruction et la gouvernance d’après-conflit à Gaza.

Les membres de l’UE, profondément divisés depuis l’attaque du groupe islamiste Hamas contre Israël le 7 octobre 2023, espèrent désormais retrouver un rôle moteur dans la mise en œuvre du plan de paix pour Gaza. Garantir la paix sera « extrêmement complexe », déclare la haute représentante de l’Union pour la politique étrangère, Kaja Kallas. « Le plan de paix nécessite un soutien international important pour réussir », souligne-t-elle, et l’Europe veut y contribuer pleinement.

Participer à la mise en œuvre du plan de paix

Lors d’une cérémonie officielle en Égypte le 13 octobre, les dirigeants des États-Unis, du Qatar, d’Égypte et de Turquie ont adopté un document visant à consolider le cessez-le-feu actuel, sur la base du plan en 20 points du président américain Donald Trump. « Ensemble, disent les signataires, nous mettrons en œuvre cet accord de manière à garantir la paix, la sécurité, la stabilité et des perspectives d’avenir pour tous les peuples de la région, y compris les Palestiniens et les Israéliens. » Les mesures spécifiques à prendre pour y parvenir ne sont pas expliquées.

Le président américain Donald Trump présente le traité de paix signé lors du sommet sur Gaza, le 14 octobre 2025. (Photo : Michael Kappeler/dpa)

Les dirigeants de l’UE ont globalement salué le plan de paix. La présidente de la Commission, Ursula von der Leyen, et le président du Conseil européen, António Costa, ont mis en avant les efforts déployés et souligné l’importance d’un cessez-le-feu permanent. Selon Mme von der Leyen, l’UE continuera de soutenir l’acheminement rapide et sûr de l’aide humanitaire à Gaza. « Et le moment venu, nous serons prêts à contribuer au redressement et à la reconstruction. »

Reconstruire Gaza sera coûteux : selon les estimations, plus de 55 millions de tonnes de gravats doivent être déblayées de la bande côtière, a déclaré Jaco Cilliers, du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) à Jérusalem. Rien qu’au cours des trois prochaines années, cela pourrait coûter quelque 17 milliards d’euros.

L’UE est depuis longtemps favorable à la mise en œuvre de la solution à deux États, palestinien et israélien, comme seule voie possible pour instaurer une paix durable au Moyen-Orient. Mais pour y parvenir, l’Autorité palestinienne, actuellement très affaiblie, doit regagner sa crédibilité. Bruxelles s’engage à contribuer à sa réforme.

Le président bulgare, Roumen Radev, considère le plan de paix comme une occasion à saisir : « C’est ici que l’Europe a l’opportunité de jouer un rôle clé et d’apporter une contribution significative à l’application rapide et complète de ce plan. Nous restons fermement convaincus de la nécessité de mettre en œuvre la solution à deux États, seule voie viable vers une résolution durable du conflit et l’instauration d’une paix juste et durable au Moyen-Orient. »

Le ministre slovaque des Affaires étrangères, Juraj Blanár, assure que la diplomatie de Bratislava « continuera d’intensifier les efforts humanitaires et d’apporter un soutien politique au maintien de la paix ».

Son homologue slovène, Tanja Fajon, déclare que si la première partie du plan de paix américain pour Gaza est mise en œuvre avec succès, il sera important d’être conscient de la « situation fragile et des dilemmes » qui devront être pris en compte lors des négociations sur la deuxième phase. Elle souligne que le volume d’aide humanitaire actuellement acheminé vers la bande de Gaza dévastée reste insuffisant.

Barrages à la frontière

La prudence est de mise, comme le montrent les retards dans la reprise de la mission civile de l’UE chargée de surveiller le poste-frontière de Rafah entre Gaza et l’Égypte. Initialement prévu pour mercredi, le déploiement a été interrompu, Israël exigeant que le Hamas lui remette d’abord les dépouilles des derniers otages qu’il détient.

Le dispositif reste en attente et sera déployé dès que les conditions le permettront, a déclaré un porte-parole de Kallas à Bruxelles.

La Mission d’assistance de l’UE aux frontières à Rafah (EUBAM Rafah) a été créée en 2005 pour contribuer à la surveillance du poste-frontière dans le sud de Gaza. Elle a été suspendue deux ans plus tard après que le Hamas a pris le contrôle du territoire.

Rafah est le seul poste frontière de la bande de Gaza qui ne touche pas le territoire israélien et reste fermé au trafic de passagers. Les livraisons directes d’aide humanitaire depuis l’Égypte vers Gaza sont actuellement impossibles. Cependant, des camions transportant des fournitures humanitaires entrent par l’Égypte et sont ensuite détournés vers des postes israéliens.

La mission de surveillance EUBAM vise à assurer une présence neutre et indépendante à ce poste frontière clé et implique des forces de police italiennes, espagnoles et françaises. Elle a été brièvement redéployée en janvier, puis suspendue en mars.

Dans un communiqué, le ministre italien de la Défense, Guido Crosetto, a déclaré avoir autorisé la reprise des opérations italiennes au sein de la mission de l’UE pour la réouverture du poste frontière, dans les mêmes conditions qu’en janvier.

Le gouvernement de Berlin a préparé le terrain pour une éventuelle participation allemande à une future mission.

Renforcer le rôle de l’Europe

L’UE, principal donateur d’aide aux Palestiniens, entend également contribuer à la reconstruction de Gaza. Bruxelles leur a déjà versé plus de 550 millions d’euros depuis le 7 octobre 2023. En avril 2025, un programme pluriannuel a été annoncé, doté d’un budget maximal de 1,6 milliard d’euros pour la période 2025-2027.

La Commission a manifesté sa volonté d’aller au-delà de l’aide, se déclarant prête à participer aux dispositifs de gouvernance transitoire à Gaza après le cessez-le-feu. Cela implique de tirer parti des missions européennes existantes pour la sécurité des frontières, la formation de la police et le renforcement des capacités institutionnelles.

« Nous sommes prêts à contribuer à son succès avec tous les outils à notre disposition », insiste Ursula von der Leyen, notamment en « apportant un soutien à la gouvernance et à la réforme de l’Autorité palestinienne ».

L’UE a également fait part de son intention de rejoindre le Comité de la paix, qui supervisera le redressement et la reconstruction de Gaza, témoignant ainsi d’une volonté d’assumer une fonction politique plus centrale. « Nous pensons que l’Europe a un rôle important à jouer et que nous devons également y prendre part », a déclaré Kallas la semaine dernière. « Je pense que l’Europe ne doit pas seulement être un contributeur, mais aussi un acteur », a-t-elle ajouté lors d’une visite au Koweït.

De son côté, le Premier ministre espagnol Pedro Sánchez a ouvert la voie à l’envoi de troupes de son pays pour garantir la paix après le cessez-le-feu. Dans une interview à la radio Cadena SER cette semaine, il a jugé que les modalités de la sécurité à Gaza restaient floues.

Cependant, si un déploiement international de troupes devait avoir lieu, l’Espagne souhaiterait y participer et assurer une « présence active », non seulement dans la reconstruction de Gaza, mais aussi dans le maintien de la paix.

Le président Emmanuel Macron, tout en affirmant que les Européens « intensifieront » leurs efforts pour former les policiers palestiniens à Gaza, indique que la France ne participera pas à la force de stabilisation qui doit être mise en place.

Préoccupations politiques

On ignore si l’accord de paix permettra une cessation durable des combats. Les détails doivent maintenant être négociés lors d’une seconde phase. La paix reste fragile, les premières fissures étant déjà apparues.

Des inquiétudes subsistent, le Hamas continuant d’affirmer sa détermination à combattre Israël. « Les déclarations du Hamas selon lesquelles il ne déposera pas les armes sont inquiétantes », relève le chef de la diplomatie slovaque.

Son homologue allemand, Johann Wadephul, souligne également que le Hamas doit être désarmé et ne plus être autorisé à exercer d’influence politique. « Et il appartiendra aux Palestiniens de rompre avec cette organisation », a-t-il déclaré à la télévision allemande.

La question de l’administration de Gaza est considérée comme l’un des facteurs cruciaux pour la stabilisation de la situation dans cette bande côtière sous blocus après deux ans de guerre. Une vacance du pouvoir pourrait plonger le territoire dans un chaos accru, voire une guerre civile. Israël et les États-Unis insistent sur le fait que le Hamas ne peut jouer aucun rôle dans un futur gouvernement de Gaza.

Macron a assuré que la France jouerait un « rôle très particulier » pour garantir l’intégration de l’Autorité palestinienne dans la future gouvernance du territoire, mettant l’accent sur la représentation palestinienne dans ce processus.

Un porte-parole de Kallas à Bruxelles a déclaré que toutes les parties sont exhortées à faire preuve de retenue et à s’abstenir de toute activité susceptible de compromettre le cessez-le-feu. « Nous réaffirmons, en tant qu’UE, que le Hamas ne doit jouer aucun rôle dans l’administration de la bande de Gaza. »

Les actualités rapportées ces derniers jours suscitent également l’inquiétude au sein de l’UE. « L’Union européenne est préoccupée par les informations dont nous avons connaissance, faisant état de plusieurs morts à Gaza à la suite d’affrontements entre le Hamas et des membres de gangs », a déclaré un porte-parole de Kallas à Bruxelles.

Des renseignements suggèrent également que le Hamas prend brutalement pour cible des individus qu’il accuse de collaborer avec Israël.

Trucks loaded with humanitarian aid cross into the Gaza Strip through the Kerem Shalom crossing.
Des camions chargés d’aide humanitaire entrent dans la bande de Gaza par le terminal de Kerem Shalom. (Photo : Abed Rahim Khatib/dpa)

Que faire de Netanyahu ?

L’UE est également divisée quant au rôle du gouvernement israélien dans le conflit et à celui du Premier ministre Benjamin Netanyahu. Ces divisions ont souvent contraint Bruxelles à s’appuyer sur les déclarations de sa cheffe de la diplomatie ou de chaque État membre, plutôt que sur des positions européennes unifiées, limitant ainsi l’efficacité du bloc en tant qu’acteur politique.

L’Allemagne, par exemple, a longtemps affiché un soutien indéfectible au gouvernement israélien, mais a progressivement nuancé sa position, soulignant ses préoccupations concernant les souffrances de la population civile de Gaza. En août 2025, Berlin a opéré un changement de cap important en annonçant la fin des exportations d’équipements militaires susceptibles d’être utilisés dans la guerre.

L’Espagne garde une plus grande distance avec les autorités israéliennes. Selon le Premier ministre Sánchez, le cessez-le-feu obtenu doit être désormais consolidé pour parvenir à une paix définitive.

Il souligne donc que les mesures approuvées par son gouvernement contre Israël, telles que l’embargo sur les armes, restent en vigueur car, pour l’instant, on n’est qu’au stade d’un cessez-le-feu. « Nous maintiendrons cet embargo jusqu’à ce que l’ensemble du processus soit consolidé et définitivement engagé sur la voie d’une paix durable », déclare-t-il. De même, il avertit que la paix ne saurait signifier l’oubli ou l’impunité pour ceux qui font face à des poursuites judiciaires internationales, comme Netanyahu.

D’autres pays, comme la Hongrie et la République tchèque, ont bloqué ou atténué les positions de l’UE critiques envers Israël, s’alignant davantage sur les politiques américaines et israéliennes et se montrant réticents à reconnaître l’État palestinien.

Cet article est une Key Story de l’ENR. Le contenu est basé sur des informations publiées par des agences participant à l’ENR.

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