En novembre 2018, le Conseil de l’Union européenne et les représentants des gouvernements des États membres ont adopté la stratégie de l’UE en faveur de la jeunesse, un cadre de coopération en matière de politiques destinées à la jeunesse pour la période 2019-2027.
Cette stratégie est axée sur cinq principes et objectifs : la participation et l’activité, l’emploi et l’apprentissage, l’éducation et la science, la mobilité des étudiants et le soutien aux projets des jeunes.
L’initiative vise à renforcer leurs liens avec l’UE, à améliorer la qualité de l’éducation et à réduire le chômage des jeunes. Cinq ans après son adoption, comment se portent les jeunes Européens, dans quelle mesure s’identifient-ils à l’UE et quels sont, selon eux, les principaux avantages de l’appartenance de leurs pays à l’Union ?
Identification à l’Europe, mais moins qu’au pays d’origine
Selon l’« Eurobaromètre sur la jeunesse et la démocratie » publié par la Commission avant les élections européennes de juin, les jeunes continuent d’avoir une vision européenne.
Plus de 43 % des sondés ont participé à des activités dans un autre pays de l’UE. Les exemples les plus courants sont les études ou la formation (16 %), le volontariat (12 %) ou le travail (12 %). Près de la moitié des jeunes interrogés (49 %) ont déclaré être au courant des possibilités de financement offertes par Erasmus+, le programme de l’UE pour l’éducation, la formation, la jeunesse et le sport. 67 % des jeunes Européens pensent que l’UE a au moins un certain impact sur leur vie quotidienne, tandis que 26 % déclarent le contraire et 7 % ne se prononcent pas.
Malgré un niveau élevé d’identification à l’UE, de nombreux jeunes Européens se définissent en termes de nationalité plutôt que d’identité européenne.
Par exemple, 79 % des jeunes Italiens se décrivent fièrement comme des « enfants de l’Europe » et, dans le même temps, 8 jeunes sur 10 se sentent plus italiens qu’européens, selon une enquête réalisée par le portail Skuola.net auprès d’un échantillon de 3 100 Italiennes et Italiens âgés de 13 à 29 ans, avant les élections européennes de 2024.
Et dans certains pays, les jeunes affichent une forme de défiance visa à vis de l’UE. Un document d’information basé sur les données de l’ONG slovaque GLOBSEC de 2023 et 2024 sur l’opinion publique bulgare note que 71 % des jeunes Bulgares perçoivent l’UE comme dictatoriale. Parmi ces jeunes se manifeste le sentiment que « l’UE dicte ce qu’il faut faire sans que la Bulgarie ait le pouvoir de l’influencer ».
Paix et liberté de voyager : des réalisations mais de fortes attentes
Près de la moitié des jeunes Européens considèrent la liberté de voyager comme l’une des réalisations les plus importantes de l’UE, selon l’étude « Young Europe 2024 » réalisée par la société d’analyse de données YouGov pour la fondation allemande TUI Care. D’autres avancées majeures citées par les jeunes incluent la liberté de circulation pour travailler et étudier dans l’UE, l’euro comme monnaie commune et les programmes d’échange comme ERASMUS+.
L’enquête réalisée par le portail Skuola.net montre de son côté que pour les jeunes Italiens, les aspects les moins favorables sont les contraintes économiques auxquelles le pays doit se soumettre pour faire partie de l’UE (40 %), la gestion des migrants (25 %) et, enfin, la dépendance de l’Italie envers des nations plus fortes (19 %) dans de nombreux aspects de la politique communautaire.
Selon l’enquête Eurobaromètre Jeunesse et démocratie publiée par la Commission européenne en mai, les attentes des jeunes Slovènes à l’égard de l’UE sont de préserver la paix, de renforcer la sécurité internationale et de promouvoir la coopération internationale. Les Slovènes sont au-dessus de la moyenne européenne dans leurs espérances en matière de lutte contre la pauvreté et les inégalités économiques et sociales.
Chômage, logement et dépendance financière inquiètent les jeunes Européens
Selon l’étude « Young Europe 2024 », les jeunes considèrent que la migration, le changement climatique et la politique économique sont les questions les plus importantes dans l’UE. Cependant, dans de nombreux pays, les jeunes sont également préoccupés par leur situation financière personnelle et leur niveau de vie.
Et des marqueurs comme le chômage, les coûts du logement et la dépendance financière inquiètent significativement les jeunes Européens.
En Slovénie, les principaux problèmes des jeunes sont liés au manque de logements abordables et d’emplois stables, même si la Slovénie affiche l’un des taux de chômage les plus bas chez les moins de 25 ans.
Selon les données d’Eurostat de juin ce taux s’élève à 7,8 % en Slovénie contre 14,4 % dans l’ensemble de l’UE. Cela s’explique notamment par le fait que faute de logements et d’emplois stables disponibles, les jeunes quittent plus tardivement le giron familial.
Pour les jeunes Roumains, le manque d’emplois bien rémunérés, la qualité insuffisante du système éducatif et les problèmes liés au niveau de vie restent les principaux défis à relever, selon une enquête nationale intitulée « Les jeunes en Roumanie dans l’année électorale 2024 » menée par l’Institut roumain d’évaluation et de stratégie (IRES). Cette enquête a révélé que l’UE est pour eux la deuxième institution la plus digne de confiance (51 %), après le monde universitaire (56 %), tandis que la presse est l’une des plus contestées.
Selon l’Eurobaromètre Jeunesse et démocratie, la Roumanie a enregistré les pourcentages les plus élevés de l’UE en termes d’implication des jeunes dans le changement de la société (57 %) et d’impact des actions de l’UE sur leur vie quotidienne (41 %).
Plus d’un tiers des jeunes en Roumanie ont peu ou pas confiance dans la démocratie du pays. L’intérêt des jeunes pour la politique est faible (seulement 6 %). Et le manque d’espoir conduit deux jeunes Roumains sur trois à envisager une migration temporaire ou permanente, 68 % d’entre eux estimant que le pays va dans la mauvaise direction.
Pour les jeunes Espagnols, le chômage reste la plus grosse difficulté. Un jeune Espagnol sur quatre est sans emploi. Selon Eurostat, l’Espagne était l’État membre de l’UE avec le taux de chômage des jeunes le plus élevé en juin cette année, s’établissant à 25,9 %.
L’espoir des jeunes des pays candidats à l’adhésion
Le feu vert donné à la Bosnie-Herzégovine pour entamer des négociations avec l’Union européenne en mars de cette année a marqué une étape importante dans le processus d’adhésion à l’UE, fournissant des perspectives d’amélioration des conditions de vie des jeunes du pays.
Selon le rapport 2023 de la Commission européenne, les jeunes de Bosnie-Herzégovine manifestent un intérêt notable pour l’intégration dans l’Union européenne, mais beaucoup sont sceptiques en raison de la lenteur des progrès des réformes et des obstacles politiques au sein du pays. La Commission européenne a souligné que le climat politique est souvent affecté par des tensions ethniques et une rhétorique qui sapent les institutions de l’État, ce qui complique également le processus d’intégration à l’UE.
En outre, une enquête de l’USAID de 2022 a montré que les jeunes de Bosnie-Herzégovine sont généralement pessimistes quant à la situation dans le pays, notamment en raison des niveaux élevés de chômage et de corruption. Bien que certains aspects s’améliorent, la confiance dans les institutions est faible, ce qui affecte leur perception de l’intégration à l’UE.
Malgré ces défis, de nombreux jeunes considèrent toujours l’Union européenne comme un facteur clé pour les progrès futurs de la Bosnie-Herzégovine. La mise en œuvre des réformes nécessaires et l’obtention d’un résultat positif dans les négociations avec l’UE pourraient apporter des changements significatifs, améliorer les conditions de vie des jeunes et renforcer leur sentiment d’appartenance aux valeurs européennes.
Depuis ce rapprochement en mars, de nombreux jeunes de Bosnie-Herzégovine ont encore émigré vers l’UE à la recherche de meilleures conditions de vie, plutôt que d’attendre que les normes européennes arrivent en Bosnie-Herzégovine.
Par ailleurs, l’UE a mené et mis en œuvre des stratégies pour soutenir les jeunes de Macédoine du Nord dans leur développement éducatif, professionnel et personnel, principalement en stimulant la participation des jeunes à la société civile.
Le rapport 2023 de la Commission européenne sur la Macédoine du Nord indique que, grâce au programme européen de garantie pour la jeunesse, des prestations ont été versées à plus de 9 400 jeunes dans les régions de Macédoine du Nord où le taux de chômage des jeunes est le plus élevé.
Cependant, les sondages d’opinion montrent que les jeunes de ce pays demeurent pessimistes quant à l’engagement et aux intentions réelles de leurs responsables politiques à apporter des changements positifs.
Une enquête menée par le groupe de réflexion d’ONG basé à Skopje « Societas Civilis », en coopération avec la Fondation Konrad Adenauer, montre que seulement 53 % de la population âgée de 18 à 24 ans soutient pleinement l’adhésion de la Macédoine du Nord à l’UE.
Cet article est publié deux fois par semaine. Le contenu est basé sur les informations des agences participant à l’ENR.